BRAZZAVILLE, 23 AOÛT (ACI) – Le Congo enregistre une régression de la tuberculose (Tb) avec un taux estimatif de 376 pour 100.000 habitants, indique le tableau de notation de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) pour 2017.
«Il y a encore du travail à notre niveau», a reconnu la ministre de la Santé et de la population du Congo, Mme Jacqueline Lydia Mikolo, le 21 août à Brazzaville, au cours du lancement de la carte de pointage continentale pour l’Afrique, en marge de la 69ème session du comité régional de l’Oms pour l’Afrique, consistant à réduire l’incidence de la tuberculose de 80% d’ici 2030.
À cet effet, elle a invité ses collègues ministres à travailler ensemble pour obtenir les ressources nécessaires de leurs ministres des finances afin de réduire le fardeau de la tuberculose et de s’arrimer à la stratégie de son élimination d’ici 2030.
Elle a également évoqué les défis et les perspectives pour améliorer la prise en charge de la tuberculose au Congo.
Il s’agit de la question des ressources humaines, de l’insuffisance des ressources affectées à la sensibilisation et à la participation communautaire, de l’intégration des activités du programme national de lutte contre la tuberculose au niveau de tous les districts sanitaires.
A ces défis s’ajoute l’opérationnalisation d’un laboratoire p3 acquis avec l’appui de la Banque mondiale et pour lequel un appui de l’Oms est attendu, notamment pour l’expertise technique et pour son fonctionnement sur 12 mois.
Mme Mikolo a fait savoir que la prise en charge de la tuberculose au Congo a été instituée par un décret présidentiel en 2005, décidant de la gratuité du traitement pour lutter contre cette maladie à travers le programme national de lutte contre la tuberculose, initié depuis 1980.
«Le Congo dispose de plusieurs centres de dépistage, de deux centre antituberculeux dans les deux grandes villes, de 38 centre de diagnostic sur tout le territoire national et de la prise en charge hospitalière au plus haut niveau de la pyramide sanitaire», a-t-elle souligné.
S’agissant de la disponibilité des médicaments et d’autres produits de santé, avec l’appui de la Centrale d’achat des médicaments essentiels et du Fonds mondial, elle a ajouté que «nous avons un stock de sécurité de six mois et un stock de 12 mois de médicaments antituberculeux jusqu’à fin décembre. Nous avons des stocks pour 10500 malades de première ligne et 77 malades pour la deuxième ligne».
Intervenant à cette occasion, le directeur par intérim du groupe sur les maladies transmissibles de la région africaine de l’Oms, le Dr Magaran Bagayoko, a indiqué qu’«en tant que continent, nous avons progressé, mais la prestation des services n’est pas répartie de manière égale et ne permet pas d’atteindre les objectifs de 2030. Nous devons intensifier nos réponses».
En outre, il a notifié qu’une approche multisectorielle est nécessaire pour conduire à des politiques de lutte contre la tuberculose innovantes et fondées sur des preuves. Il a également appelé à une collaboration accrue avec les parties prenantes et les influenceurs qui comprennent la culture des communautés dans lesquelles ils vivent. «Ils ont le pouvoir de sensibiliser et de promouvoir l’appropriation des programmes d’éradication de la tuberculose», a-t-il déclaré.
Remplaçant la directrice régionale de l’Oms, le Dr Joseph Caboré, a précisé que 48% des cas de tuberculose étaient manqués, car les patients étaient testés sur du matériel inadéquat et inexact.
De son côté, l’un des survivants de la tuberculose à Kinshasa, en République démocratique du Congo (Rdc), M. Maxime Nsungu, a exhorté les gouvernements à contribuer à la réduction des coûts catastrophiques liés au traitement de la maladie. «Je pense qu’il est temps que nous fassions les choses autrement pour que la tuberculose nous laisse tranquille. L’objectif qui consiste à éradiquer cette maladie d’ici 2030 est très ambitieux. L’échéance étant proche, nous n’allons pas relever ce défis si nous continuons à agir de la sorte», a-t-il dit.
La tuberculose est la neuvième cause de mortalité dans le monde et la principale cause d’un seul agent infectieux, en tête du classement des causes de décès par rapport au Vih/Sida. En 2016, en Afrique, 2,5 millions de personnes ont contracté la tuberculose, soit le quart des nouveaux cas de cette maladie dans le monde.
On estime que 417.000 personnes sont mortes de cette maladie dans la région africaine (1,7 million dans le monde) en 2016. Plus de 25 % de décès sont dus à la tuberculose, a-t-on rappelé. (ACI)