BRAZZAVILLE, 28 JAN (ACI) – L’un des combats de l’écrivain et ethnologue malien fut de défendre la richesse des traditions orales africaines dans le but de les préserver, soulignant à ce sujet, dans son ouvrage sur les contes africains, qu’«en Afrique, quand un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle».
Selon l’auteur, ce livre de contes sahéliens présente des récits courts mais denses, qui enchantent dans tous les sens du terme. Avec pour personnages des rois cruels, des animaux futés et diserts, ces récits légendaires et initiatiques transmettent une forme de sagesse traditionnelle où la nature est toujours présente et où sont abordés les rapports avec la vie, la mort, la maladie, mais aussi le pouvoir, la jalousie, l’apprentissage d’une sagesse.
On y découvre l’origine ou une interprétation de plusieurs proverbes, des mythologies qui tentent d’expliquer le monde ou encore des récits avec une belle morale souvent teintée d’humour.
Ces contes à l’usage des petits (et grands…) enfants prennent leurs racines dans l’histoire des peuples Peuls, Toucouleurs, Haoussas, Mandingues… et les traditions d’un islam africain original auquel fut initié l’écrivain, dans sa jeunesse, à l’enseignement de Tierno Bokar, maître spirituel soufi célèbre pour la richesse de sa pensée. Ce livre paru le 19 novembre 2004, aux Editions du Seuil, est un régal pour qui s’intéresse aux sagesses et aux traditions africaines.
Appelant à une action urgente pour la récolte et le sauvetage de ces traditions orales avant que ne disparaissent leurs derniers dépositaires, c’est en faveur de cette lutte qu’il prononça la phrase devenue si célèbre qu’on la cite parfois comme un proverbe africain : «En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle».
Né dans les années 1900 et mort en 1991, Amadou Hampâté Bâ était historien, écrivain, conteur poète, penseur et ethnologue. Il était connu pour ses ouvrages, mais aussi pour la lutte qu’il mena à l’Unesco, de 1962 à 1970, pour la réhabilitation des traditions orales africaines en tant que source authentique de connaissances et partie intégrante du patrimoine culturel de l’humanité. (ACI)