BRAZZAVILLE, 25 JUIL (ACI) – Une dégradation du déficit global de la balance des paiements est prévue en 2020, allant jusqu’à – 909,3 milliards de Fcfa, contre 106,8 milliards de Fcfa en 2019, a annoncé le ministre délégué au budget, M. Ludovic Ngatsé.
Il a fait cette annonce au cours d’une communication sur le cadre budgétaire à moyen terme 2021-2023, lors du Conseil des ministres. A cette occasion, il a fait savoir que la situation monétaire pourrait être marquée par une baisse de 39,1% des avoirs extérieurs nets, de 20,1% de la masse monétaire et de 33,0% des crédits à l’économie.
Concernant les finances publiques, M. Ngatsé a souligné que l’exécution budgétaire au 31 mars 2020 s’est soldée par un excédent de 60,7 milliards de Fcfa, soit un taux de réalisation de 11,6% des prévisions initiales.
A ce sujet, le ministre Ngatsé a présenté une prospection aux membres du Conseil des ministres sur la politique budgétaire du gouvernement pour la période 2021-2023. Sur ce, le gouvernement compte poursuivre la mise en œuvre des mesures et réformes entamées depuis quelques années, notamment dans le cadre de l’exécution de l’accord conclu avec le Fonds monétaire international (Fmi).
A ce titre, la politique budgétaire restera prudente, avec pour objectif la soutenabilité des finances publiques, en portant une attention particulière sur la rationalisation des dépenses budgétaires et la mobilisation des recettes internes hors pétrole. Pour atteindre cet objectif général, la politique budgétaire poursuivra trois objectifs spécifiques, à savoir la réduction du déficit primaire hors pétrole, l’amélioration de la transparence et la discipline budgétaire ainsi que la viabilité de la dette publique.
A ce propos, le gouvernement va mettre en œuvre des mesures en vue d’atteindre ces objectifs axés sur les recettes et les dépenses. S’agissant des recettes, le gouvernement va mettre un accent sur la poursuite de la modernisation des administrations des impôts et de la douane, le renforcement de la politique fiscale et la rationalisation des dépenses fiscales.
En matière de dépenses, il compte s’orienter principalement sur l’efficacité de la dépense publique en veillant au respect de la trajectoire et à la mise en œuvre d’un pilotage serré, afin d’assurer son efficacité.
Ces projections des ressources et des charges de l’Etat pour la période 2021-2023, a-t-on pris, tiennent également compte des différentes mesures préconisées et des hypothèses macroéconomiques, notamment la production de pétrole, prévue à 135,2 millions de barils en 2021, 141,2 millions de barils en 2022 et 128,4 millions de barils en 2023. Le prix du baril de Brent sera à 37,9 dollars en 2021, 45,0 dollars en 2022 et 45,0 dollars en 2023, tandis que la Décote appliquée au pétrole congolais serait de 2,9 dollars en 2021, et le prix du brut congolais à 35,0 dollars en 2021, 45,0 dollars en 2022 et 45,0 dollars en 2023, le taux de change quant à lui étant fixé à 1 dollar pour 580,0 Fcfa sur l’ensemble de la période.
Dans sa communication, M. Ngatsé a fait savoir qu’au cours des années 2021, 2022 et 2023, les ressources budgétaires s’établiraient respectivement à 1.777,0 milliards de Fcfa à 2.062,5 milliards de Fcfa et à 2.023,2 milliards de Fcfa. Les dépenses du budget de l’Etat augmenteraient à un rythme annuel moyen de 0,5% et s’établiraient à 1.519,5 milliards de Fcfa en 2021, 1.540,9 milliards de Fcfa en 2022 et 1.536,1 milliards de Fcfa en 2023.
Sur l’ensemble de la période, il a indiqué que des soldes budgétaires globaux (dons inclus) excédentaires seront enregistrés à hauteur de 257,5 milliards de Fcfa en 2021, de 521,5 milliards de Fcfa en 2022 et de 487,1 milliards de Fcfa en 2023, représentant respectivement 4,3%, 8,9% et 8,0% du Produit intérieur brut (Pib). Le stock de la dette publique projetée s’afficherait en moyenne à 6.045,8 milliards de Fcfa, soit 92,3% du Pib.
Le ministre délégué au budget a aussi notifié que dans cette période, il ressortirait un besoin de financement qui baisserait à un rythme annuel moyen de 38,5%, avec – 412,6 milliards de Fcfa en 2021, – 155,5 milliards de Fcfa en 2022 et – 155,9 milliards de Fcfa en 2023. Ce besoin serait supporté sur financement intérieur à hauteur de 145,6 milliards de Fcfa en 2021 et 52,0 milliards de Fcfa en 2022, par les apports attendus du Fmi et de la restructuration de l’emprunt obligataire de la banque ‘’Ecobank’’.
Ce besoin serait aussi supporté sur financement extérieur à hauteur de 266,9 milliards de Fcfa en 2021, 103,4 milliards de Fcfa en 2022 et 155,9 milliards de Fcfa en 2023, par les apports attendus des bailleurs financiers internationaux (Banque mondiale, Bad, et Afd) et par la restructuration de la dette.
Par ailleurs, M. Ngatsé a précisé que tous ces résultats dépendront de la durée de la pandémie de la Covid-19, de l’évolution des cours des produits de base, des incertitudes entourant les relations commerciales mondiales et de l’efficacité des mesures adoptées.
Il a notamment relevé qu’une stratégie de financement du gap, intégrant le plan d’apurement de la dette intérieure, les hypothèses de restructuration de la dette extérieure et les apports divers des partenaires et des concessionnels, constitue le véritable levier de la soutenabilité recherchée des finances publiques congolaises.
A l’issue de cette communication, le Conseil des ministres a pris note des hypothèses envisagées et a encouragé le gouvernement à s’atteler à la mise en œuvre dynamique de cet outil de programmation utile, notamment en cette période de crise économique et sanitaire aiguë. (ACI)
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