BRAZZAVILLE, 08 JUIN (ACI) – Le ministre de l’Environnement, du développement durable et du Bassin du Congo et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ont appelé, le 5 juin à Brazzaville, les entreprises à repenser leurs usages du plastique à travers leur Responsabilité sociétale environnementale (Rse), en explorant des alternatives durables.
Intervenant lors d’une conférence-débat, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement célébrée sous le thème international « Mettre fin à la pollution plastique dans le monde », le représentant adjoint du Pnud, M. Henri René Diouf, a plaidé pour une transition vers une économie sobre, soulignant les bénéfices économiques et réputationnels qu’un tel engagement peut générer.
« Je lance ici, pour la cause qui nous réunit, un appel à l’action climatique pour l’adoption généralisée du principe des 3R : réduire, réutiliser et recycler, afin de vaincre la pollution plastique et préserver la vie pour les générations présentes et futures », a encouragé M. Henri René Diouf.
À cette occasion, il a fait savoir que la pollution plastique n’est pas qu’un enjeu écologique. Elle constitue également un défi de santé publique, de résilience climatique et de souveraineté économique. Elle affecte de manière disproportionnée les femmes, les enfants, les personnes vivant dans la précarité ainsi que les communautés rurales et côtières. Elle compromet les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la dignité humaine.

Selon lui, il est judicieux de fédérer les énergies, de mobiliser les intelligences et les ressources pour lutter contre les changements climatiques. « Ne dit-on pas que le plastique alimente silencieusement la crise climatique à chaque étape de son cycle de vie ? Ce qui revient à dire que chaque fois que nous utilisons du plastique, nous contribuons sans le savoir au réchauffement climatique », a-t-il indiqué.
La ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, Mme Arlette Soudan-Nonault, a rappelé que cette pollution représente aujourd’hui l’une des menaces les plus sérieuses pour la planète.
« Nos océans, nos terres et nos écosystèmes sont envahis par les déchets plastiques. Ils compromettent la biodiversité, mettent en danger la santé des populations et dégradent la qualité de vie », a-t-elle souligné.
À l’échelle mondiale, environ 430 millions de tonnes de plastique sont déversées chaque année dans les mers, provoquant la disparition de nombreuses espèces marines et une contamination généralisée des milieux naturels.
Le Congo n’échappe pas à cette réalité. Malgré les avancées enregistrées depuis l’entrée en vigueur du décret n° 2011-485 du 20 juillet 2011, qui interdit la production, l’importation, la commercialisation et l’usage de sacs, sachets et films plastiques, un relâchement est observé.
« On assiste à un retour progressif des sachets plastiques non biodégradables, notamment dans l’emballage des denrées alimentaires. Cela augmente la quantité de déchets alors que nous peinons déjà à gérer ceux issus de l’industrie agroalimentaire, comme les bouteilles en plastique qui envahissent nos quartiers », a déploré Mme Soudan-Nonault.
Elle a réaffirmé l’engagement du gouvernement à faire de la lutte contre la pollution plastique une priorité nationale, à travers la réduction de l’utilisation du plastique à usage unique, la promotion du recyclage et l’adoption de solutions durables. Des campagnes de sensibilisation accrues et un meilleur accompagnement des initiatives écologiques sont également au programme.
Intervenant à cette rencontre, le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) au Congo, Dr Vincent Dossou Sodjinou, a plaidé pour une action concertée à l’échelle planétaire. « La pollution plastique asphyxie la planète. Elle obstrue les cours d’eau, pollue les océans et met en péril la faune sauvage.
Dans deux mois, les pays du monde se réuniront pour négocier un nouveau traité mondial. Il faut un accord ambitieux, équitable et applicable dans son intégralité, qui couvre tout le cycle de vie du plastique et s’inscrive dans une logique d’économie circulaire », a-t-il déclaré.
Il a encouragé les négociateurs à revenir aux discussions prévues en août avec une volonté de compromis, au-delà de leurs divergences, pour aboutir à un texte à la hauteur des enjeux environnementaux et des Objectifs de développement durable (Odd). (ACI/Kesnov Medurin Ngouolali)