BRAZZAVILLE, 07 MARS (ACI) – Certains hommes n’admettent pas les compétences des femmes qui occupent de hautes fonctions administratives et politiques, se sont indignées Mmes Olga Rachelle Mangouandza, Parfaite Tongo Tebelet et Edith Clarisse Nganga, respectivement directrice départementale de l’Agence congolaise d’nformation (Aci), chef de service administratif et financier à la direction départementale de l’administration du territoire et directrice départementale de l’éducation civique de Brazzaville.
Elles ont fait ce constat au cours d’une interview accordée récemment à l’Aci, à l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits de la femme.
Pour Mme Mangouandza, l’attitude de ces hommes s’explique par le fait que la femme est considérée comme un être inférieur et doit être au second plan. «Au regard de cette opinion, les femmes ne doivent pas baisser les bras, mais doivent se battre pour prouver leur égalité à travers leurs compétences» a-t-elle dit.
Concernant le niveau scolaire, elle a souligné que les hommes et les femmes fréquentent les mêmes écoles et universités, et obtiennent les mêmes diplômes. «La femme mérite d’être là où est l’homme. Les hommes doivent comprendre que la femme est un être humain qui a les mêmes facultés intellectuelles que l’homme. Celui-ci ne doit donc pas la chosifier ou la sous-estimer, parce qu’elle a aussi la capacité de diriger. Si elle obtient les diplômes, elle peut être nommée à une fonction quelconque», a fait savoir Mme Mangouandza.
Le comportement de certaines femmes peut aussi être à l’origine de cette sous-estimation, a-t-elle relevé. Selon elle, ces femmes se laissent manipuler par leur hiérarchie. «Le vrai problème est que la femme, elle-même, doit s’impliquer dans les administrations. Elle doit se valoriser par sa façon de travailler, en usant des stratégies pour faire évoluer l’administration, au lieu d’être derrière une autorité, dans le but de bénéficier d’une nomination», a-t-elle dit.
Abordant le volet de la parité, elle a insisté sur le fait que «Si la femme n’est pas nommée à de hautes fonctions, comment mettre en application la notion de parité. Les femmes doivent aussi s’engager, concernant leur participation aux élections, car ce n’est pas seulement l’affaire des hommes».
Pour sa part, Mme Tongo Tebelet, a déploré le fait que les hommes ont l’idée selon laquelle «la femme qui occupe un poste quelconque cède son corps à un homme». A son avis, les choses ont changé et les hommes éprouvent des difficultés pour l’accepter.
«Aujourd’hui, la femme se bat et ne recours qu’à ses compétences et à son intelligence pour obtenir un poste. Il y a des hommes et des femmes à l’école, à l’université et dans nos administrations. Si cela ne pose pas de problèmes, pourquoi alors penser que pour qu’une femme accède aux hautes fonctions, il faut qu’elle ait des affinités ou des relations intimes avec un homme», s’est-elle interrogée. Pour elle, la différence réside seulement au niveau du foyer, où la femme doit être soumise à l’homme. Professionnellement, la femme est intelligente et accomplit les mêmes tâches que l’homme.
Les femmes hissées à de hautes fonctions éprouvent des difficultés pour s’imposer en tant que responsables, a-t-elle reconnu. Ainsi, elle a exhorté ces dernières à avoir un bagage intellectuel convaincant, à faire preuve de compétence ou à faire recours à un ton sévère afin de tenir devant les hommes.
Intervenant dans le même ordre d’idées, Mme Nganga, a rappelé que la nomination d’une femme a toujours fait l’objet de débats et de mauvaises interprétations parmi les hommes. «On ne peut pas construire le pays sur cette base, d’autant plus que cela fait partie des antivaleurs, contre lesquelles on doit lutter», a-t-elle fait remarquer.
«La femme ne doit pas être gagnée par la peur ni la honte. Elle doit s’armer de courage pour assumer les fonctions qu’on lui a confiées. La femme intellectuelle n’est pas celle qui se cache, qui reste sous le prisme de femme», a-t-elle conclu.
Au niveau national, les festivités de la 110àme journée internationale des droits de la femme ont eu lieu à Madingou, dans le département de la Bouénza, sous le thème «Femmes congolaises, engagées dans la production locale». (ACI/Mamane Boungou)
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