BRAZZAVILLE, 20 JUIN (ACI) – La France, représentée par son ambassadeur au Congo, M. Bertrand Cochery, et la République du Congo, représentée par les ministres de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation ainsi que de la culture et arts, respectivement MM. Anatole Collinet Makosso et Dieudonné Moyongo, ont rendu un hommage, le 18 juin à Brazzaville, à l’ethnologue et sociologue français, Georges Balandier.
Dans le cadre de cet hommage, le gouvernement congolais a débaptisé l’ancienne avenue Orcy, allant du rond-point Poto-poto à la tour Nabemba, en avenue Georges Balandier, dont la plaque nominative a été dévoilée par le diplomate français.
L’autre temps fort de cet hommage a été la présentation, le 20 juin à Brazzaville, de la maquette de l’ouvrage de ce chercheur, intitulé «Congo-Brazzaville noir», qui contiendra les actes du colloque tenu à Brazzaville, un an après son décès, le 5 octobre 2016.
Ce colloque, qui a été animé par le ministre Makosso, a eu comme panelistes l’ancien ministre Henri Ossebi, Mmes Dominique Hirschhorn, présidente d’honneur de l’association des sociologues de la langue française, Régine Tchicaya-Oboa et M. Gandou d’Issere, tous deux sociologues.
Pendant ce colloque, il a été aussi question de rappeler au public le sens dudit livre, qui se veut être un acte important que le Congo pose dans le champ universitaire et scientifique, en hommage à Georges Balandier, célèbre en France et dans le monde.
Dans le champ francophone africaniste, à partir de deux publications, «Sociologie actuelle de l’Afrique noire» et «Sociologie de Brazzaville noire», publiés en 1955, il est montré la contribution du terrain africain à l’élaboration d’une approche nouvelle du changement social en Afrique à l’époque coloniale.
Selon M. Ossebi, depuis ces deux publications, il n’est plus possible de parler de la même manière de l’Afrique, parce que l’auteur a montré que les sociétés sous domination coloniale n’étaient pas que des sociétés soumises, planes ou sans histoires.
«Des mécanismes insoupçonnés d’expression des identités de prise de conscience des réalités pour la survie, mais avec le souci de respecter son identité d’origine, étaient à l’épreuve et ont conduit à la naissance des parties politiques, débouchant sur la naissance des luttes pour les indépendances jusqu’à la situation actuelle», a-t-il expliqué.
«Tout l’éclairage des sciences sociales, en particulier la sociologie et l’anthropologie, s’est totalement trouvé bouleversé à partir des travaux de Georges Balandier qui, à partir du champ congolais, a fécondé toute une réflexion internationale sur le politique, la culture, la religion, le messianisme et autres», a-t-il ajouté.
Pour lui, le métier de sociologue qu’ils exercent aujourd’hui est de faire en sorte que la relève prenne en compte cette contribution de Georges Balandier qui continue de susciter des vocations dans le domaine de la science sociale pour cette fois-ci éclairer les politiques publiques, en réponse aux problèmes que vivent les sociétés aujourd’hui, plus de 50 ans après ce chercheur.
Dans son mot de clôture, le ministre Makosso a reconnu que Georges Balandier a été en service commandé. Pour lui, les sociologues doivent être en service commandé. En tant que membre du gouvernement, il a lancé un appel aux sociologues en faveur de l’urbanisation confrontée à de nouvelles formes de comportements juvéniles, «cas des bébés noirs et des koulouna» dans les deux Congo. (ACI/Blanchard Boté)