BRAZZAVILLE, 22 JUIN (ACI) – Le romancier, poète, essayiste, dramaturge et journaliste congolais, M. Florent Sogni Zaou, a publié récemment à Brazzaville son troisième recueil de poèmes intitulé, ‘’Palmes noires’’, paru aux éditions Alliance Koôngo.
Ce nouveau recueil compte 53 septains ou poèmes de sept vers et 53 témoignages. Il repose sur 92 pages. C’est un hommage de l’auteur à sa nièce Olga Marthe Loemba Loubouka, décédée le 6 octobre 2019 à Pointe-Noire. Il s’ouvre par un poème sous forme d’avant-propos, dans lequel il dit dans la Première strophe : «Sous mes pieds pleins de croûtes/S’est ouvert un profond cratère/De douleur aigue/De tristesse énorme/De silence silencieux/De larmes glaciales/Et de vide».
«En lui donnant pour titre : «Chronique d’une douleur chronique» pour lire et relire le recueil de poèmes «Palmes noires», ces cinquante-trois septains, j’ai l’assurance de croire fortement ne point me tromper que ce ne serait pas un exercice de clôture d’un ouvrage mais plutôt un, qui engagerait et aiguillonnerait autrui vers une nouvelle ouverture, celle de la béance qui, tel un clapet, s’ouvre et se ferme alternativement», a dit l’écrivain Rémy Mongo-Etsion qui a preface ledit ouvrage.
Les poèmes ne portent pas de titre. L’auteur les a numérotés d’Olga un à Olga cinquante et trois suivis du même nombre de témoignages des connaissances, amies et parents de la regrettée Olga Marthe.
L’auteur s’estime fatigué d’enterrer ses proches dans le cimetière familial de Tchissanga à une vingtaine de kilomètres de Pointe-Noire.Il s’interroge s’il faut pleurer, s’il faut crier mais surtout s’il faut fermer ce cimetière de Tchissanga : «Par un pan de la toiture/La mort s’est infiltrée/Faut-il pleurer ou crier/Faut-il chanter la douleur ou rouler à terre/Faut-il dénoncer/Faut-il fermer ce Tchissanga/Je me contente de t’installer dans mes rêves».
Le poète rend visite à sa nièce comme Victor Hugo promet de la faire à Léopoldine dans son poème, «Demain dès l’aube». Il ne dit pas qu’il vient demain, mais lui qu’il va la voir avec un bouquet de poèmes : «Voici/Je viens vers toi avec un bouquet de poèmes/Un bouquet mélancolique/Mais un bouquet de lumières/Qui illuminera tes cinquante et trois pas», écrit le poète. Florent Sogni Zaou fait une lecture de la vie d’Olga Marthe, de la naissance à l’inhumation. Il l’exprime dans le poème Olga cinq, page 21 : «Le soleil a levé l’ancre sur le quai de l’avenue Pemousso/La traversée est sans escale/Des autobus sur l’avenue de France/ Un séjour durable sur la rue Joly/Plus court à la cité des dix-sept/Au quartier Ngoyo/Avant d’amarrer à Tchissanga».
Dans Olga vingt et deux, à la page 38, M. Sogni Zaou exprime sa douleur et dit fortement ce qui lui fait très mal, l’apprentissage de l’absence de la nièce : «Ce qui fait mal, Olga, c’est ne plus te voir/Ce qui fait mal, c’est apprendre à vivre sans toi/Ce qui fait mal, c’est ne plus entendre ta voix/Ce qui fait mal, c’est ne plus rire avec toi/Ce qui fait mal, c’est ne plus parler avec toi/Ce qui fait mal, c’est ne plus échanger de repas avec toi/Ce qui fait mal, c’est ta douloureuse longue absence».
Le poète se plaint de l’interférence de la pluie en ce mois d’octobre, lors de la veillée mortuaire.
Dans Olga 26, il le dit avec beaucoup de mélancolie : «Ce matin encore/La pluie est au rendez-vous/Elle tente d’effacer ma peine/Aucune eau pour lessiver mes sanglots/Le revers de mes mains ne suffit pas/Ce soir encore il pleuvra/Il faudra plier les nattes».
Le poète se sent comme perdu. Il ne sait pas ce qu’il faut faire et c’est dans Olga trente et neuf, à la page 55, qu’il l’exprime : «Ce matin/Je suis comme un chien errant-aboyant/Je suis comme un lion rugissant dans une forêt vierge/Je suis comme un dément/Je suis comme une bouteille jetée à la mer/Je suis comme une route sans canalisation/Je dois réapprendre à vivre sans toi».
Dans Olga quarante et six, l’auteur reprend pratiquement le résumé des 53 témoignages de ses collègues d’Airtel, autrement la famille Celtel, de la Primature et des anciens collègues de classes qui n’ont pas tari de mots pour reconnaître les bienfaits de cette jeune femme et son ouverture d’esprit. Il le proclame dans ces vers : «Esprit de bienfaisance/Cœur plein de sagesse/Je te regardais comme un ange/Mes nuits ne supportent plus/Le déroulé des images de tes jours de souffrance/Lisibles sur ta figure /A l’heure de cette séparation imposée». Et c’est ce qui fait dire au poète qu’Olga Marthe qui croyait en Dieu s’est élevée vers le Père. Dans Olga cinquante et trois, il le loue en ces termes : «Comme sur un tapis volant/Sous la brise matinale/Je t’ai vu passer les anges en revue/Tu es entrée dans la verte prairie/L’amour sur un cœur fleuri/Tu as pris gaiement ton envol/Et tu as marché en direction de la main du Père».
M. Sogni Zaou compte à son actif deux essais, quatre pièces de théâtre, trois recueils de poems et quatre romans. Il est présent dans deux anthologies, à savoir ‘’Nouvelle génération des écrivains congolais’’ de Noël Kodia-Ramata et ‘’Anthologie de la poésie sénégalaise et congolaise’’.
Il est le président de l’association ‘’Pen Centre Congo Brazzaville’’, troisième vice-président des Pen d’Afrique francophone depuis 2017. Il est le coordonnateur des ‘’Gourmandises poétiques’’ et de la Rentrée littéraire du Congo (Relico), promoteur du Grand prix littéraire ‘’Jean Malonga’’. M. Sogni Zaou est Officier dans l’ordre du Mérite congolais. (ACI)