BRAZZAVILLE, 06 SEPT (ACI) – Le président du Conseil supérieur de la liberté de communication (Cslc), M. Philippe Mvouo, a mis en garde, le 4 septembre à Brazzaville, les acteurs des partis politiques de la majorité, du centre et de l’opposition contre la campagne électorale déguisée organisée à Brazzaville et à Pointe-Noire.
«Il s’agit d’un constat surprenant que le Conseil vient de faire depuis la fin des élections de 2017. L’impression qui se dégage montre que les élections n’ont jamais pris fin. Vos communications ne se limitent pas aux frontières de l’Etat-major. Elles sont transportées ailleurs et diffusées par les canaux que nous connaissons», a-t-il fait observer.
Depuis quelques mois, il est observé dans ces deux grandes agglomérations du Congo des effigies, des gadgets, des banderoles, des affiches et autres manifestations politiques aux allures d’une campagne électorale. Le cas le plus récent est la marche publique organisée récemment par quelques activistes politiques dans la ville océane, appelant au soutien d’un homme à l’élection présidentielle de 2021.
Mvouo a signifié qu’à partir de cette observation, la lecture de régulateur est interpellée. Pour lui, les contenus des discours politiques en cette période hors électorale ne rassurent pas. Au regard de ce fait, il a appelé les acteurs politiques au respect de l’éthique de l’homme politique digne.
En sa qualité de régulateur, le Cslc a réuni les acteurs politiques de la majorité présidentielle, de l’opposition et du centre pour leur rappeler quelques dispositions réglementaires contenues dans la loi 15-2001 du 31 décembre 2001, relatives au pluralisme dans l’audiovisuel public.
Par ailleurs, le président du Cslc a aussi rappelé que les hommes politiques sont les garants de la stabilité politique, même si le pouvoir du peuple s’avère être le garant de la démocratie.
De son côté, le porte-parole du Parti congolais du travail (Pct), M. Serge Michel Odzoki, a renchéri à l’observation de M. Mvouo sur les activités politiques qui dénotent d’une campagne électorale dissimulée. «Le président du Cslc nous a fait le constat sur le fait qu’il y a une sorte de campagne électorale permanente, parce qu’on observe des affiches partout et des déclarations qui laissent penser que nous sommes en campagne électorale», a-t-il dit.
Odzocki a précisé que la majorité présidentielle a pris acte du constat du Cslc. «En ce qui concerne le Pct, s’il y a des cadres qui ont posé de tels actes, cela s’est fait à titre personnel et n’engage pas la direction politique», a-t-il souligné.
Remerciant le président du Cslc d’avoir organisé cette réunion, il s’est engagé à rappeler à l’ordre les membres de la majorité présidentielle.
Intervenant au nom du parti du centre, M. Maurice Kinoko a dit que tous les groupements politiques ont reconnu l’objectivité de la communication du Cslc. «Il y va de la responsabilité de tous les acteurs politiques de prendre acte et d’en tenir compte». En outre, il a invité les journalistes à amplifier cette communication, conformément à la déontologie de leur métier.
«L’opposition ne se reconnaît pas dans ce qui est décrié. Nous allons le faire par quel moyen, pendant que nous n’avons presque pas accès aux médias. Ce que nous demandons, c’est qu’on veille au respect de la loi, à l’équité, surtout au principe qui dit que tous les Congolais sont égaux devant la loi. Nous dénonçons cette façon de faire», a réagi M. Clément Miérassa, qui a conduit la délégation de l’opposition à cette réunion.
Dans le même contexte, M. Paul Marie Mpouele a souhaité que le conseil puisse jouer pleinement son rôle de régulateur, notamment dans le cadre de la diversification de l’information dans les médias publics. «Il faut qu’on sente qu’il y a une certaine répartition de temps d’antenne pour l’opposition, pour la majorité et pour le centre, cela en vue des débats dignes propices à l’instauration de la démocratie».
Pour combattre la campagne électorale dissimulée et illégale observée, le Cslc a promis de rencontrer très prochainement les acteurs des médias, le préfet de Brazzaville et les administrateurs-maires des arrondissements pour susciter leur vigilance. (ACI)
Nadège Makoubama
Vues : 3