BRAZZAVILLE, 02 AOUT (ACI) – Au total 11.220 cas de l’épidémie de chikungunya ont été enregistrés sur le territoire national, a annoncé, le 1er août à Brazzaville, la conseillère en Santé du Président de la République, le Dr Yolande Voulouo Matoumouna, représentant la ministre de la Santé et de la population, lors de la 6ème édition des «Jeudis du Ciespac».
Cette maladie, qui sévit dans dix départements, a débuté en janvier 2011. Elle constitue une menace croissante de santé publique et nécessite l’implication de tous pour diminuer son incidence, a-t-elle souligné.
«Elle est causée par les piqûres de moustiques et présente des formes graves surtout chez la femme enceinte. Dans ce cas, elle provoque des malformations chez le fœtus, voire la mort de celui-ci», a-t-elle poursuivi.
Organisée par le Centre inter-Etat de l’enseignement supérieur en santé publique de l’Afrique centrale (Ciespac) et placée sous le thème «La lutte contre le chikungunya», cette 6ème édition des «Jeudis du Ciespac» vise à contribuer à la réduction des taux de morbidité et de mortalité liés à cette maladie qui sévit principalement dans la zone de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), a dit Mme Voulouo Matoumouna.
Par ailleurs, elle a indiqué que depuis la survenue de cette épidémie, le ministère de la Santé et de population a multiplié des actions de riposte, notamment la détection des cas précoces, la prise en charge et les mesures de prévention à travers une sensibilisation de la population. Ces actions, a-t-elle ajouté, viennent en complément aux autres types d’appui que le ministère a eu à apporter dans le passé pour le bien-être de la population.
Elle a souligné sa détermination à soutenir incontestablement le Ciespac en tant qu’outil utile pour la lutte contre la maladie à travers ses activités de tous les jours. En outre, elle a exprimé sa satisfaction quant à la mobilisation des participants pour cette activité.
«J’ai une pensée toute particulière pour les professionnels de santé ici présents, à qui je formule un bon usage des leçons qui seront apprises à l’issue des différents échanges. Car les professionnels de santé que nous sommes, nous devons désormais avoir une attitude plus opérationnelle de lutte contre cette maladie presque inconnue, mais susceptible d’engendrer un chaos total», a-t-elle dit.
A l’occasion de ce forum, trois thématiques ont été développées, à savoir «L’historique, clinique, diagnostic et prise en charge du chikungunya», «Epidémie du chikungunya au Congo et mesures de riposte mises en œuvre» ainsi que «La lutte anti vectorielle contre le chikungunya».
Le premier thème a été développé par l’enseignant permanent au Ciespac, le Dr Sylvain Honoré Woromogo. Il a présenté le chikungunya comme étant une maladie virale causée par les piqures des moustiques tigres du genre Aedes. La femelle contracte le virus en piquant une personne infectée et le transmet à une personne saine. Le microbe transmis est ainsi diffusé dans le sang. La personne peut aussi contracter la maladie par la transfusion sanguine. La transmission peut se faire aussi de la mère à l’enfant pendant la grossesse au cours l’accouchement, a-t-il dit.
Différent du paludisme, le chikungunya attaque les globules blancs sans provoquer l’anémie et n’a pas de traitement spécifique. Il se manifeste par des maux de tête et une forte fièvre accompagnée de douleurs musculaires. Il peut affecter le foie, le cœur, le cerveau, les reins, les yeux et causer une baisse de la vue, une évolution clinique rapide.
Le deuxième thème a été présenté par le directeur de l’épidémiologie et de la lutte contre la maladie au ministère de la Santé et de la population, le Dr Jean-Medard Kankou. Ce dernier s’est appesanti sur la riposte menée à travers la mobilisation de la population, le renforcement des mesures épidémiologiques, l’observation des mesures d’hygiène et la prise en charge efficace avec des médicaments positionnés.
Selon lui, 43 districts sanitaires sont touchés par le chikungunya, entre autres le Kouilou, Pointe-Noire, le Niari, la Bouenza, le Pool et Brazzaville.
Le troisième thème a été développé par l’entomologiste médical de l’Oms-Congo, le Dr Patrick Bikindou. Ce dernier a parlé de la prévention de la maladie par des actions d’assainissement. «Il nous faut mener une lutte anti vectorielle», a-t-il exhorté. Cette lutte, a-t-il indiqué, recommande le désherbage des alentours des maisons, car les herbes constituent le support de repos des moustiques.
Par ailleurs, il a fait savoir qu’une enquête réalisée de février à juillet dernier a permis de réduire les gîtes domestiques à Diosso, dans le département du Kouilou, précisant que la destruction des larves des moustiques demeure le meilleur moyen de lutte préventive contre le chikungunya. (ACI/Simone Mouaya)