BRAZZAVILLE, 04 FÉV (ACI) – Les syndicats du Centre hospitalier universitaire de Brazzaville (Chu-B), réunis en assemblée générale, le 4 février à Brazzaville, ont exigé le retrait sous huitaine de l’équipe canadienne à compter de ce jour, l’accusant de malversation financière et de mauvaise gestion de cet hôpital qui se trouve, selon eux, dans un état de dégradation vertigineuse.
Dans une déclaration lue par le président de cette intersyndicale, M. Bienvenu Kouama, les syndicalistes ont décidé de ne plus reconnaître l’autorité de l’actuel directeur général, M Sylvain Villiard, et son équipe jusqu’à la nomination d’un nouveau directeur général parmi les cadres congolais maîtrisant mieux les réalités congolaises.
Ils demandent la résiliation du contrat entre l’Unité de santé internationale (Usi) du Canada et le gouvernement congolais, qualifié de douteux et de fictif, n’ayant aucune base, tout en exigeant l’ouverture d’une information judiciaire contre le ministère de la santé et de la population signataire dudit contrat.
D’autres exigences du syndicat portent sur l’ouverture d’un dialogue avec le ministère de la santé pour obtenir la tenue des états généraux du Chu-B, le plus grand hôpital du Congo en pleines réformes tant structurelles, organisationnelles et médico-techniques depuis l’arrivée de l’équipe canadienne en avril 2019.
La restitution de la somme de plus d’un milliard de Fcfa ayant servi au paiement des frais de l’assistance technique canadienne et la signature de l’avenant portant augmentation de l’âge de la retraite à 60, 65, voire 70 ans, selon les catégories des cadres, ont figuré aussi dans cette déclaration, de même que le paiement des arriérés des salaires (cinq mois), des pensions des retraités et d’autres avantages dus aux travailleurs.
En effet, le bras fer entre la direction générale et les syndicats découle du refus du nouveau directeur général de verser aux syndicalistes la subvention de fonctionnement qui se chiffre à 8 millions par trimestre, soit 32 millions l’an. Depuis l’arrivée de cette équipe, plus de 20 millions de Fcfa ont été versés à ces derniers, sans aucun texte justificatif leur octroyant ce montant. La direction générale a exigé des textes justificatifs afin de continuer ce versement. Jusqu’à ce jour, aucun document n’a été présenté par les syndicats.
D’autres griefs portés contre l’équipe canadienne par ces syndicats (Csc, Cstc, Synamec) portent sur les différentes réformes qui exigent un resserrement des circuits des dépenses, la dénonciation de certains contrats mafieux et véreux, l’audit de la dette des fournisseurs qui s’élève à 17 millions de Fcfa, l’application des recommandations des audits réalisés pendant trois ans au Chu-B, à la demande du ministère de tutelle ; le refus des quotas dans le recrutement, la suppression des commissions, la mise en veilleuse de la cellule des passations des marchés, etc.
En ce qui concerne l’application des recommandations des audits réalisés, il a été appliqué celles portant radiation des effectifs du Chu-B d’une cinquantaine d’agents pour abandon de postes et d’autres fictifs émargeant au budget du Chu-B ; interpellation de plus de 100 agents pour faux et usage de faux, falsification d’âge, faux diplômes, etc. L’application de ces mesures n’a pas fait l’unanimité chez les syndicalistes qualifiant cette procédure de hâtive.
Le licenciement de deux agents pris en flagrant délit de vol de médicaments au niveau de la pharmacie de l’hôpital a soulevé également des réactions. Au niveau des chefs de services médico-techniques, le directeur général a adressé des lettres d’avertissement à certains pour les rappeler à l’ordre, quant à la non-exécution des exigences leur demandant de produire une revue morbi-mortalité et le planning des gardes et d’astreintes.
Cela n’a pas rencontré l’assentiment des médecins et a poussé à une réaction de leur section syndicale, le Syndicat national des médecins du Congo (Synamec), qui s’en est servi pour convoquer une assemblée générale, tenue sous haute surveillance policière après une vague d’agitation de ces syndicats, après l’interdiction par la direction générale de l’accès de la presse dans l’enceinte du Chu-B. Des actes de sabotage ont eu lieu dans cet hôpital au niveau des équipements de la Banque postale du Congo (Bpc) où des câbles ont été sectionnés par des personnes inconnues jusque-là.
Depuis l’arrivée de l’équipe canadienne à la tête de cet hôpital, quelques activités se mènent déjà, notamment la réhabilitation des consultations externes, l’approvisionnement de la pharmacie hospitalière en produits de première nécessité. La réhabilitation du service des urgences et accueil se fera dans les prochains jours, a-t-on appris.
Les réformes entreprises dans cet hôpital de plus de 1.900 employés pour son redressement, agitent certaines catégories d’agents qui n’arrivent pas à s’adapter à la nouvelle donne, a-t-on appris. (ACI/Alexandrine Mbemba)