BRAZZAVILLE, 18 NOV (ACI) – Les péages et pesages routiers, la pénurie des devises qui affecte la facilitation des fournisseurs, le surcoût des séjours prolongés des conteneurs au port de Pointe-Noire sont à l’origine de la flambée des prix constatée dans le pays ces derniers mois, a annoncé récemment à Brazzaville le ministre du Commerce, des approvisionnements et de la consommation, M. Claude Alphonse Nsilou.
«S’agissant de la flambée des prix dans le marché, constatée ces derniers temps, il est aujourd’hui établi que la mauvaise manipulation des prix peut emmener la population dans la rue», a-t-il dit devant l’Assemblée nationale au cours de la séance de questions orales avec débat au gouvernement.
Selon lui, le Congo traverse une situation économique très difficile qui a fortement dégradé le pouvoir d’achat des ménages. «L’argent se raréfie et ne circule plus. Dans ces conditions, nous ne pouvons pas accepter une quelconque augmentation des prix des produits de première nécessité, quelle qu’en soit la raison. Je suis contre l’augmentation des prix», a martelé M. Nsilou.
Quant au contrôle et aux tracasseries administratives, il a indiqué que L’Afrique est devenue une grande destination pour les faux médicaments et les aliments avariés. «Même les grands groupes alimentaires ont fait de l’Afrique leur chaîne de distribution des produits de fin de série, c’est-à-dire à la limite de préemption.
Les conséquences sont terribles, il y a beaucoup de cas d’intoxication dus à ses médicaments et aliments de mauvaise qualité. De nombreux décès sont enregistrés, liés de cette mauvaise qualité des médicaments et des aliments», a-t-il déploré.
Pour M. Nsilou, le contrôle pratiqué dans tous les pays du monde est un filtre qui protège le consommateur. «Pour améliorer les conditions dans lesquelles se font les contrôles au Congo, le ministère a pris des notes de service de cadrage, des procédures de recouvrement. Ces notes sont approuvées par les commerçants. De même, le ministère a doté les agents sur le terrain de tenues distinctes et des numéros d’identification. Il y a des améliorations de ce côté-là», a-t-il fait savoir, tout en promettant des améliorations et un assainissement des contrôles administratifs effectués par trop d’agents de différentes administrations.
Par ailleurs, il a révélé que la pénurie des devises a servi de déclencheur, créant des tensions au niveau des stocks, du fait des difficultés que connaissent les commerçants pour payer leurs fournisseurs afin de reconstituer les stocks. A ce sujet, il a informé le gouvernement que le ministère travaille actuellement pour fluidifier le traitement des dossiers au niveau des banques pour permettre aux commerçants de payer leurs fournisseurs et reconstituer les stocks avant les fêtes de fin d’année.
Au cours de cette séance, M. Nsilou a déploré le comportement opportuniste de certains commerçants qui profitent de la situation pour augmenter les prix des produits. «Il y a eu surenchère de la flambée des prix, qui a suscité tant de mécontentement au niveau de la population. Pour ramener les prix à un niveau raisonnable, accessibles à toutes les bourses, nous avons demandé à tous les importateurs de vendre les produits de première nécessité au prix homologués en janvier 2019», a-t-il poursuivi, précisant que cette mesure publiée a entraîné la baisse des tensions observées ces derniers jours et que le gouvernement va continuer à travailler pour que ces prix soient appliqués sur toute l’étendue du territoire national.
«Nous sommes dans une situation sociale très tendue, le gouvernement suit ce problème de très près. Une réunion interministérielle va avoir lieu dans les tous prochains jours pour apprécier la situation et apporter des solutions appropriées qui vont soulager les populations et les opérateurs économiques.
Pour sa part, le Premier ministre, Chef du gouvernement, M. Clément Mouamba, est allé également dans le même sens, jusqu’à qualifier de vol la décision des commerçants consistant à l’augmentation des prix des produits de première nécessité. «Les augmentations auxquelles nous assistons constituent un vol. Un Etat responsable ne peut pas se laisser faire», a-t-il souligné, tout en assurant les députés sur les équilibres des coûts des produits entre les ministères.
Prenant la parole à cette occasion, le président de l’Assemblée nationale, M. Isidore Mvouba, a condamné ce qu’il a appelé ‘’une augmentation sauvage des prix’’, avant de saluer la sincérité du ministre en charge du commerce et la décision du gouvernement de combattre cette hausse.
Le gouvernement doit prendre des mesures souveraines en commençant par le coût de passage portuaire qui est le plus cher de l’Afrique centrale. «Nous devons gérer au mieux cette situation pour que les Congolais puissent acheter moins chères les denrées sur le marché, contrairement à leurs prix aujourd’hui.
«A l’époque, il y avait sur le marché des mercuriales et les prix étaient dictés. Aujourd’hui, nous ne retrouvons plus les étiquettes sur les marchandises, c’est la grande porte ouverte à la spéculation», a conclu M. Mvouba, tout en rappelant que cette situation a existé dans le passé. (ACI/Marlyce Tchibinda)
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