Dans le but de savoir où en est-on avec la mise en œuvre des derniers axes de la commission mixte entre le Congo et l’Egypte, l’Agence congolaise d’information (Aci) s’est rapprochée de la représentation diplomatique congolaise en Egypte pour s’enquérir, lors d’une entrevue, de l’évolution de la coopération congolo-égyptienne.
ACI: A quand remonte la commission mixte entre le Congo et l’Egypte ?
Le conseiller Jean Claude Kaya (JCK) : L’unique session tenue entre les deux parties a eu lieu du 5 au 7 avril 1988 au Caire. Jusque-là, il n’y a plus eu de sessions de la commission mixte entre les deux pays.
ACI : Est-ce que les derniers grands axes de la commission sont observés ?
JCK : Non, les derniers grands axes ne sont pas observés jusqu’à ce jour, en dehors du domaine de l’enseignement, parce que plusieurs axes avaient été abordés lors de cette session, parmi lesquels l’investissement privé en République populaire du Congo, les transports, le développement rural et le commerce.
En ce qui concerne le commerce, un accord avait été signé depuis mars 1987 mais qui n’a pas connu une mise en œuvre.
ACI : Pourquoi cet accord n’a pas connu une mise en œuvre?
JCK : Nous avions noté un certain désintéressement de la partie congolaise. Disons qu’il n’y avait pas eu de répondant au niveau du Congo. Donc l’accord est devenu aujourd’hui désuet, vue l’évolution observée des deux côtés. Il va falloir qu’on puisse le réactualiser.
Dans le domaine aérien, il y a un accord qui remonte au 27 mars 1965, malheureusement cet accord n’a jamais connu un début d’exécution. Cela est certainement dû au fait que le Congo ne dispose pas d’une compagnie aérienne qui puisse desservir l’Egypte. Ce dernier à une grande compagnie aérienne, ‘’Egyptair’’. Desservir le Congo lui serait-il bénéfique ?
ACI: Quel est le secteur qui fait vivre la coopération égypto-congolaise ?
JCK : La coopération dans les domaines culturel, scientifique et technique est vraiment le secteur qui fait vivre les relations bilatérales entre les deux pays. C’est grâce à ces domaines que l’Egypte a pu envoyer des professeurs dans le cadre scientifique et technique au Congo-Brazzaville. Je crois qu’aujourd’hui, les Egyptiens ne sont plus envoyés au Congo. La dernière mission remonte à 1990, au Lycée agricole Amilcar Cabral (Lac) et au lycée de la libération.
ACI: Dans ce secteur, y a-t-il des Congolais qui viennent apprendre en Egypte ?
JCK : Oui, il y avait des bourses octroyées annuellement aux jeunes congolais, mais c’était beaucoup plus pour venir apprendre l’Arabe et lire le coran. Il s’est avéré que cette coopération n’est pas bénéfique pour le Congo. Est-ce qu’elle va permettre le développement du Congo ?
«Nous voulons d’une coopération qui permette le développement du Congo. En plus, ces bourses étaient dérisoires. Elles s’élevaient à 8 mille Fcfa le mois et ne pouvaient pas permettre aux étudiants de vivre correctement». Le vrai frein ici est l’étude de l’arabe et de l’anglais. Cela est un handicap pour les jeunes qui veulent étudier en Egypte.
Au cours de ces cinq dernières années, nous avons reçu trois étudiants dans les universités égyptiennes, en dehors de l’Université Sédar Senghor qui est une université de la Francophonie.
ACI : Dans le cadre la coopération, y a-t-il des Congolais qui investissent en Egypte ?
JCK : Je ne pense pas. C’est plus ou moins le contraire, en ce sens qu’il y a un peu plus d’opportunités pour les hommes d’affaires Egyptiens d’investir au Congo. Souvent, nous recevons beaucoup d’hommes d’affaires qui projettent d’investir au Congo dans les domaines de l’agriculture, de la santé et de la pisciculture. Malheureusement, ils n’ont pas de répondant. Nous vendons l’image du pays, nous leur présentons toutes les opportunités du Congo, mais quand ils y vont pour des visites d’exploration, ils reviennent sans avoir trouvé du répondant. Il y a comme un désintéressement des hommes d’affaires congolais de créer des partenariats avec les hommes affaires Egyptiens.
ACI : Comment entrevoyez-vous la coopération entre les deux pays ?
JCK : La coopération serait prospère si la partie congolaise s’investissait, car l’Egypte présente beaucoup d’atouts dans plusieurs domaines. Mais lorsque l’Ambassadeur est arrivé en début de l’année 2018, nous avons envoyé des lettres pour réactiver cet accord de commission mixte. La partie égyptienne a demandé que l’on tienne au préalable des consultations politiques, c’est-à-dire la tenue d’une session susceptible de conduire à la réactivation de l’accord de commission mixte.
Il était question que le Congo présente un ordre du jour. L’Ambassadeur a écrit à la centrale. Nous attendons jusqu’aujourd’hui l’aval du pays pour décider de l’ordre du jour, de la date et du lieu. Ainsi nous pourrons nous concerter pour déterminer ce qui freine la coopération entre nos deux pays.
Propos recueillis par Loe Mercia