BRAZZAVILLE, 27 AOUT (ACI) – Les pêcheurs de la ville océane interpellent le gouvernement congolaise de prendre des mesures de protection, de gestion et d’éradication de la pratique de la pêche à l’explosif perpétrée par certains sujets étrangers à Pointe-Noire.
Ces inquiétudes ont été émises dans une enquête menée par à l’ACI au cours de laquelle les pécheurs ont signifié que la pêche à l’explosif est une utilisation très répandue, détruisant les récifs coralliens. Elle se pratique en jetant dans l’eau, des bombes artisanales et en les faisant littéralement exploser pour faire remonter les poissons à la surface.
Cette pratique permet à ces pêcheurs de prendre rapidement un grand nombre de poissons, dont plusieurs paraissent en bon état pour être envoyés sur le marché. La pêche à l’explosif, a-t-on appris, menace la poursuite des activités de pêche, car les récifs coralliens ont un rôle essentiel dans la reproduction des poissons. De même, elle contribue à la rareté de certaines variétés de poissons comme les mérous et les corbines, a confié M. Carly Nombo pêcheurs depuis 20 ans à Pointe-Noire.
Selon lui, avant la venue des chinois, la pêche était un bon secteur. Il faisait une bonne moisson, mais lorsque les Chinois sont arrivés, l’activité a perdu de la valeur, parce que ceux utilisent les explosifs pour tuer à la fois les petits et les gros poissons.
«Ce qui distingue ces poissons des nôtres est qu’ils sont pâles et très fatigués alors que les nôtre sont frais et de bonnes qualités», a-t-il fait savoir, précisant que dans le temps, pour avoir de gros poissons ils avaient besoin de 5 à 6 filets, mais depuis la pratique de la pêche à l’explosif, il faut en avoir 40 à 50 pour espérer trouver une quantité à vendre.
«Lorsque les bateaux chinois larguent les amarres dans la mer, ils ne donnent pas la possible aux poissons d’évoluer. Les poissons se reproduisent dans ces roches qu’ils cassent. Avant, on n’allait pas loin pour pêcher, mais maintenant on est contraint de faire 60 à 70 km au large, et l’on utilise une grande quantité de carburant pour espérer trouver les poissons», a-t-il révélé, demandant à l’Etat de réguler ce secteur.
«Ce que nous reprochons aux autorités est le manque de suivi après leurs enquêtes. Il y a un laisser-aller parce que quand les Chinois arrêtes de pêcher pendant deux mois on a une bonne moisson, mais dès qu’ils reprennent leurs activités nous sommes dans des difficultés parce qu’ils ont une cinquantaine à soixantaine de bateaux au large» s’est inquiété M. Jean de Dieu Tsapi, soulignant que les autorités ne leur ont pas rendu un service en permettant aux chinois de pratiquer la pêche à la Pointe-Noire.
Pour le directeur général de la Pêche, M. Bruno Claude Atsango, a, quant à lui, indiqué que la direction départementale de la pêche de Pointe-Noire a mené des enquêtes pendant trois mois dans les embarcations chinoises afin d’élucider cette pratique, mai, il n’y a rien eu de flagrant. Selon lui, la pâleur des poissons constatée sur le marché est due à la mauvaise manière de conservation du produit pêché par les Chinois.
«Nous espérons que ce problème est résolu avec la mise en service du centre d’appui à la pêche maritime et artisanale par le ministre en charge de la pêche en juin dernier. Ce centre offre maintenant des conditions propices au débarquement des poissons de bonnes qualités», a-t-il signifié.
Selon lui, la pêche à l’explosif est interdite au Congo et la loi est claire là-dessus. Toutes ces pratiquent sont proscrites dans la loi 1er juillet 2000. Peut-être que les pêcheurs ne connaissent pas les textes prévus à ce sujet, mais il y a eu des textes d’applications qui ont été pris par rapport à ces pratiques.
Répondant à la question sur la gestion de la reproduction des poissons, M. Atsango a affirmé que par rapport aux pays comme le Gabon et l’Angola, le Congo n’a jamais instauré des périodes de repos biologiques marins comme cela se passe pour la chasse afin permettre aux poissons de se reproduire. Il a laissé entendre que cela est nécessaire parce que tout le temps les poissons sont dérangés et ils sont obligés de fuir, aller dans des endroits plus calmes tels que les frontières Congo-Gabon ou Congo-Angola.
«Nous avons initié une fiche à ce sujet qui est jusqu’aujourd’hui sans suite. Nous pensons que ce repos ne va pas se faire sur toute le littorale, mais on va cibler des zones de reproduction. Le ministère en charge de la pêche est en train de réviser cette loi vieille de 18 ans, en prenant en compte des nouveaux concepts comme la biodiversité, l’approche éco sismique de pêche, la pêche illicite non déclarée. Vu les concepts nationaux et internationaux liés au changement climatique, la loi est presque finie il ne reste qu’à le soumettre sur la table gouvernement pour adoption», a fait savoir Bruno Claude M. Atsango.
En effet, toutes les activités humaines, y compris le tourisme qui est lié aux récifs, doivent être menées avec précaution pour limiter les perturbations. Cependant, beaucoup de communautés humaines riveraines n’ont encore aucune conscience «environnementaliste».
Dans l’immédiat, la menace principale sur les récifs vient des activités humaines locales ou régionales, bien plus que le réchauffement global qui ne les menacerait éventuellement que dans un futur éloigné. (ACI/Dédé Massamba)
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