BRAZZAVILLE, 04 MARS (ACI) – Le Programme alimentaire mondial (Pam) au Congo entend élargir le projet pilote ‘‘Cantines ya buala’’ à 17 écoles et 8.500 enfants de Mindouli et de la Bouenza dans la prochaine phase, a annoncé, le 3 mars à Mindouli, dans le département du Pool, le représentant de cette institution, M. Jean-Martin Bauer.
Actuellement, le programme des cantines scolaires géré par le Pam appuie 80.000 élèves, soit un taux de 10% dans le pays sur 800.000 élèves prévus par le gouvernement au niveau national. Ce projet pilote est le modèle qui va permettre au Pam d’augmenter la couverture au niveau du pays, a-t-il dit lors de la célébration de la 5ème journée africaine de l’alimentation scolaire, tout en espérant que le gouvernement et les partenaires du Congo financent le projet.
‘’Cantine ya buala’’ est un système qui correspond aux réalités du pays. Il est performant, avec des coûts plus bas, dans la mesure où les produits sont appréciés par les élèves. En plus de profiter aux écoliers, il stimule les économies rurales et locales, aidant les petits exploitants agricoles à trouver de nouveaux marchés pour leurs produits et à réaliser d’importantes économies», a ajouté, M. Bauer.
Aussi, a-t-il poursuivi, ‘‘Cantines ya buala’’ est un système simple. Il évite au Pam toute une logistique et une démarche assez longue pour envoyer et décharger les vivres de Brazzaville vers Mindouli. «Au début de chaque période, le Pam donne un carnet de coupons d’une valeur de 1.000 Fcfa le coupon, que la mairie cachète avant de le donner à chaque école. Ces coupons permettent aux écoles d’effectuer leurs achats aux vendeurs agrées, sélectionnés par la mairie, en collaboration avec le comité de marché», a-t-il expliqué.
Poursuivant son propos, M. Baeur a dit que pour avoir la valeur monétaire des coupons, les vendeurs les donnent aux deux boutiquiers sélectionnés par le Pam qui, en retour, donnent du cash aux vendeurs. «C’est important pour ces vendeurs d’avoir immédiatement de l’argent. De leur côté, les boutiques retournent les coupons au Pam qui leur remet de l’argent selon la valeur des coupons», a-t-il précisé.
Interviewé sur les difficultés que rencontrent les écoles quant à l’utilisation de ces coupons rejetés par les boutiquiers, M. Bauer a répondu que pour cette expérience pilote, le Pam veut découvrir les bonnes modalités et les mécanismes qui fonctionnent, afin de capitaliser et de mettre à l’échelle ce programme dans tout le pays entier. «Si le système des boutiques a des limites, on trouvera d’autres solutions», a-t-il souligné.
Lancée en novembre 2019, cette initiative a été bien accueillie par la population. Ainsi, Mlle fortunat Mbémba, éléve à l’école primaire ‘’Mbemba Mahoungou’’ de Mindouli, a exprimé sa satisfaction de recevoir chaque jour un repas à l’école à 12 heures, après les cours du matin, et à 17 heures, après ceux de l’après-midi.

«Nous mangeons le riz, le saka-saka, les matémbélé, des légumes, cela en quantité suffisante pour chaque personne», a confié Mlle Exaldine Kimbémbé, une élève de cette même école.
D’après un document du Pam parvenu à l’Agence congolaise d’information (Aci), 14% des enfants atteignent les exigences alimentaires minimales, 29% ne terminent pas l’école primaire en raison des coûts élevés à la fréquentation scolaire. Des rapports ont montré que les enfants ne mangent souvent rien avant de quitter la maison le matin et parcourent de longues distances pour se rendre à l’école. Cela influe sur leur assiduité et leurs résultats scolaires. Avec l’instauration du système des cantines dans les écoles, les repas scolaires incitent les parents à inscrire leurs enfants à l’école et ont un impact positif sur le taux de fréquentation.
‘‘Cantine ya buala’’ est une innovation mise en place pour permettre aux cantines scolaires des écoles de préparer les produits locaux. Ces cantines bénéficient des produits frais et plus adaptés aux habitudes alimentaires des populations locales.
Les ‘‘Cantines ya buala’’ sont une première au Congo et ont été mises en œuvre grâce à un financement participatif lancé en avril 2019 sur l’application du programme ‘‘Share the meal’’, permettant à quiconque de faire un don d’un ou de plusieurs repas aux élèves. L’objectif de 300.000 dollars américains a été atteint en septembre 2019 et a permis la mise en place de ce programme en novembre de la même année. (ACI/ Marlyce Tchibinda Batchi)