Dolisie, 27 Mai (ACI) – Au total 160 milliards 414 millions 331 mille 763 Fcfa des dépenses engagées, pour les budgets 2020, 2021 et 2022 dans l’exécution des projets d’investissements public du ministère en charge de la santé, ne correspondent pas aux réalisations sur le terrain.
La responsable de programme, de suivi des investissements publics de la commission Justice et Paix de Pointe noire, Mme Rita Espérance Mabyalhat Lhembet a annoncé ces résultats aux médias, le 21 mai à Dolisie, au cours de la présentation du rapport de suivi de l’exécution des projets d’investissements publics dans le secteur de la santé, publié en décembre 2023 par la coalition congolaise Publiez ce que vous payez (Pcqvp).
Ce rapport indique, en effet, que sur 55 projets d’investissements pris comme échantillon de suivi au ministère de la santé et de la population dans sept départements, 28 projets n’ont pas été exécutés, 20 projets n’ont pas d’informations disponibles, trois sont méconnus de leurs bénéficiaires, un est achevé mais non fonctionnel, un projet arrêté et deux sont en cours d’exécution.
L’unique projet achevé et non fonctionnel par manque d’équipements est celui des travaux de construction de l’hôpital de la présidence à Brazzaville, avec un budget prévisionnel de 3 milliards 500 millions Fcfa. Le coût des travaux a été de 4 milliards 200 millions 064 mille 922 Fcfa.
Ce rapport à fait, aussi, état des ressentis de la population sur les défis liés à la mise en œuvre des mesures de la gratuité de la césarienne et le traitement du paludisme de la femme enceinte.
Les résultats de l’enquête, menée par Pcqvp Congo auprès des bénéficiaires de ces mesures pour identifier les disfonctionnements et suggérer des pistes de solutions, montrent que 17% de la population ciblée, déclarent la mise en œuvre de la gratuité du traitement du paludisme contre 75% et 8% des répondants n’ont pas pu se prononcer.
S’agissant de la gratuité de la césarienne, 6% des répondants l’ont bénéficié contre 94% qui ont dû débourser entre 11.000 et 300.000 Fcfa pour la césarienne. Ces prix, indique le rapport, sont divergents au sein d’une même structure sanitaire.
Plusieurs recommandations ont été formulées dans le rapport, entre autres, le gouvernement doit veiller à ce que les informations relatives aux finances publiques soient accessibles et disponibles sur les sites web du ministère des finances et de tous les autres ministères conformément aux pratiques admises et aux engagements vis-à-vis des partenaires au développement. Il s’agit aussi, pour le ministère de la santé et de la population de respecter ses engagements consignés dans le protocole d’accord signé avec Pcqvp, le 24 janvier 2021 et de mettre en place des mécanismes d’alertes et un système de dénonciation pour tout paiement à la césarienne.
La haute autorité de lutte contre la corruption doit mener des investigations sur les projets dont les financements ont été engagés à plus de 100% mais qui sont inexistants puis saisir la justice pour que l’opinion soit éclairée sur ces situations.
Le Fonds Monétaire International doit renforcer l’appui technique en faveur des organisations de la société civile engagée dans la responsabilité et la redevabilité dans la gestion des finances publiques.
M. Brice Makosso, membre de la commission Justice et Paix a quant à lui fait l’historique de cette commission qui est un service de l’église Catholique créée pour promouvoir la justice et la paix dans le monde en 1967. Au Congo, elle a été créée en 1997 à Pointe noire par les Évêques pour appeler le gouvernement à une gestion transparente des revenus du pétrole et les utiliser pour le développement du pays.
Leur plaidoirie au sein de Pcqvp a abouti au transfert des revenus pétroliers au trésor public en 2003, a-t-il indiqué, tout en soulignant que ces revenus ne conduisent pas au développement du pays à cause de la mauvaise gestion et de la mal gouvernance. « Voilà pourquoi nous devons nous engager pour regarder comment notre gouvernement utilise les fonds qui arrivent au trésor public », a-t-il insisté.
Étant donné qu’il n’y a pas encore un système qui permet de suivre comment le gouvernement dépense l’argent, il a appelé les citoyens à se mobiliser afin qu’ils soient nombreux pour vérifier l’exécution du budget consacré aux services sociaux de base tels que, la santé, l’éducation, l’eau et l’électricité.
« Si nous commençons à suivre ce que fait le gouvernement, il finira par faire attention à ce qu’il fait. Nous pouvons changer notre pays si nous prenons l’engagement de le faire », a-t- il insisté. (ACI/ Rose Léa Mabengo)