BRAZZAVILLE, 11 MARS (ACI) – Les maladies rénales constituent un problème de santé publique au Congo, progressant souvent de manière silencieuse et fréquemment confondues avec d’autres pathologies comme le paludisme, a souligné le professeur Tony Eyeni, néphrologue au Centre hospitalier et universitaire (Chu) de Brazzaville et directeur du programme national de lutte contre l’insuffisance rénale.
Lors d’une interview avec l’Agence congolaise d’information (Aci), le 10 mars à Brazzaville, il a mis en avant l’importance de la prévention et du dépistage précoce pour limiter leur progression. M. Eyeni a noté le rôle essentiel des reins, comparés à des « agents de ménage » filtrant le sang en continu. Lorsque cette fonction est altérée, des complications graves surviennent.
Il a mentionné deux catégories de populations particulièrement touchées des maladies de rein. Il s’agit des 40-50 ans, principalement souffrant de l’hypertension artérielle et du diabète, deux causes majeures d’insuffisances rénales, ainsi que chez les 20-40 ans consommant de manière excessive des anti-inflammatoires comme les ibucaps, diclofénac et certains antibiotiques. « Une prise prolongée de ces médicaments peut endommager les reins de manière irréversible » a-t-il fait savoir.
Le néphrologue a également mis en garde la population contre la confusion des symptômes des maladies rénales avec ceux du paludisme, retardant ainsi leur diagnostic. « Beaucoup de patients passent du temps à traiter le paludisme et la fièvre typhoïde avant de consulter tardivement », a-t-il regretté.
Pour limiter les risques, M. Eyeni a souligné l’importance de consommer beaucoup d’eau, minimum 1,5l par jour, ne pas fumer, manger très peu salé, éviter de prendre les médicaments sans l’avis du médecin, pratiquer le sport régulièrement et manger sainement.
Le Congo ne pratique pas encore les greffes rénales. La prise en charge repose sur l’hémodialyse, un traitement pouvant prolonger la vie des patients de 15 à 20 ans si le suivi est réalisé correctement.
Face à ces enjeux, il a appelé à une sensibilisation accrue de la population et encouragé les examens de routine pour préserver la santé rénale. (ACI/Merleine Exaucée)