Joséphine Abomo, une voix inspirante de la photographie à la quête de nouveaux défis (Portrait)

Camerounaise de nationalité, la Dre Joséphine Nicole Abomo Essomba, la cinquantaine révolue, combine passion, audace et résilience pour cerner l’univers du photojournalisme. Photographe professionnelle depuis trente ans, elle se fixe pour défi, ‘’mieux comprendre les effets de l’Intelligence artificielle (IA) sur la photographie’’.     

Enseignante chercheure à l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) de l’Université de Yaoundé II (Cameroun), elle perçoit l’IA comme ‘’une aide extrêmement précieuse’’. Cependant, celle-ci ne viendra pas travailler à la place de l’homme, car c’est aux humains de produire des narrations sur l’Afrique, estime-t-elle.

« Avec l’arrivée de l’IA, (…) il y a un bouleversement des fondamentaux même de la photographie. Avoir une compréhension approfondie de ces algorithmes, c’est mon nouveau challenge. Il me permettra de mieux comprendre, écrire, enseigner et montrer aux gens ce que la photographie va devenir avec l’IA », a-t-elle déclaré.

Un challenge qui se manifeste par la création d’une association

Pour relever ce défi, la Dre Abomo mise, entre autres, sur la création de l’association ‘’Photographie et innovation’’, à travers laquelle une activité sera menée l’année prochaine sur le ‘’bon usage de la photographie dans un environnement numérique’’.

« J’ai créé une association qui a reçu l’autorisation de fonctionner. Donc, il sera question d’apprendre comment on doit utiliser la photographie et les innovations numériques pour impacter nos pratiques quotidiennes ? Et comment la photographie doit nous valoriser avec les innovations numériques qui sont boostées par l’IA ? », s’est-elle interrogée.

Professionnelle accomplie, elle ambitionne apporter des innovations dans la photographie, notamment avec une multitude d’outils qu’offrent l’IA, susceptibles de faciliter la diffusion instantanée de photos. « C’est mon combat à archiver notre production, parce que nous devons documenter ».

L’Afrique doit produire ses propres données visuelles

L’idéal serait de voir l’Afrique produire elle-même ses données, car c’est celles-ci que l’IA exploite pour faire la narration visuelle du continent. Si l’Afrique ne dispose pas de données, ces algorithmes vont exploiter des images qui ne reflètent pas forcément les réalités africaines.

Aux photojournalistes, la photographe professionnelle invite à plus de sérieux et de crédible. Ils doivent avoir une bonne attitude sur le terrain, savoir documenter leurs photographies sur des supports numériques ou traditionnels solides, et pouvoir les mettre à la disposition des usagers pour un bon usage.

« Ils doivent être plus exigeant dans la production d’une information traçable, parce que l’environnement actuel est très compliqué. Surtout pour ceux qui mènent des sujets de recherche, faire aussi des vidéos serait un atout, parce qu’elles permettront de contextualiser leurs photos », a-t-elle conseillé.   

De la pratique photographique à l’enseignement, un engagement résilient

Photographe de presse au sein du quotidien gouvernemental ‘’Cameroon tribune’’ pendant 18 ans, la Dre Abomo réalise depuis peu, des travaux en tant que photographe documentaire. Trois décennies de pratique de la photographie qui ont fait d’elle une enseignante rigoureuse, très critique et ouverte sur les opportunités et les risques liés aux usages de l’IA.

Spécialiste de la photographie de presse, du photojournalisme, de la socio-sémiotique de la photographie et de la narratologie médiatique, elle est responsable des enseignements de photojournalisme et de photographie publicitaire à l’Esstic de l’Université de Yaoundé II (Cameroun) depuis une quinzaine d’années.

Travailleuse acharnée, fruit de l’éducation rigoureuse reçue de son père, la Dre Abomo a effectué des recherches approfondies sur la photographie durant quatre ans. Celles-ci ont été sanctionnées par l’obtention d’un doctorat en Sciences de l’information et de la communication (SIC), option analyse de la photographie de presse.

« Je prends le temps de faire les recherches sur la photographie, je prends le temps de faire des photos, je prends le temps d’enseigner, de participer à des formations. C’est de cette façon que je continue. Évitons la facilité ».

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