BRAZZAVILLE, 07 OCTOBRE (ACI) – Le ministre du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé du Congo, M. Nicéphore Antoine Thomas Fylla Saint‑Eudes a plaidé le 6 octobre à Brazzaville, pour des réformes structurelles et une mobilisation accrue des acteurs bancaires afin de favoriser une véritable inclusion financière des femmes entrepreneures.
«Près de 98,3 % des femmes dirigeant des unités économiques n’ont pas accès au crédit bancaire, et 81,6 % ne disposent pas de compte bancaire», a déploré le ministre du Développement industriel, lors de son intervention à l’ouverture du 2ᵉ forum économique des femmes, citant une étude de 2024.
«Les femmes congolaises représentent plus de 50 % de notre population active. Elles constituent 70 % de la main‑d’œuvre agricole, et produisent 60 à 80 % de notre alimentation. Pourtant, 92,9 % des femmes travaillent dans le secteur informel. Ce potentiel demeure largement sous‑exploité », a‑t‑il poursuivi.
Selon M. Fylla Saint‑Eudes, ces statistiques soulignent les profondes inégalités d’accès aux services financiers et la marginalisation persistante des femmes dans le circuit économique formel.
« Notre objectif est d’offrir un accès équitable aux populations vulnérables, et à faible revenu, particulièrement les femmes. Nous encourageons également les institutions financières à assouplir leurs exigences de garantie et à développer des produits adaptés », a‑t‑il insisté.
Dans cette perspective, a-t-il rappelé, le gouvernement accélère l’élaboration de la Stratégie nationale d’inclusion financière. De même, le ministère en charge du développement industriel s’attèle à promouvoir une industrialisation inclusive, en créant des chaînes de valeur nationales « Made in Congo » capables d’intégrer pleinement les femmes entrepreneures dans les secteurs à haute valeur ajoutée (agro‑industrie, énergie, numérique et artisanat moderne).
Face aux défis persistants, le gouvernement encourage la mise en place de fonds d’appui dédiés, l’innovation numérique via les fintechs, et des partenariats structurants, notamment celui lancé avec la Banque africaine de développement (Bad) pour soutenir les Pme féminines.
Selon la représentante du Pnud au Congo, Mme Adama Dian-Barry, l’Afrique perd chaque année plus de 100 milliards de dollars américains, soit environ 6 % de son PIB, en raison de la sous-estimation de la contribution économique des femmes. « Il est urgent de leur donner accès aux services financiers et aux crédits pour libérer leur potentiel », a-t-elle déclaré.
Pour sa part, ministre des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande, Mme Ingrid Olga Ghislaine Ebouka Babackas, a exhorté les femmes à se fixer des objectifs clairs et réalistes, à inclure toutes les parties prenantes dans leurs projets, et à instaurer une gouvernance apaisée.
Organisée par la Chambre nationale des femmes cheffes d’entreprises et entrepreneures du Congo (Cnfceec) ce forum placé sous le thème « Genius, inclusion financière », rassemble des femmes venues de divers horizons pour promouvoir l’entrepreneuriat et l’autonomisation économique. (ACI)