Bien plus qu’une date, la Journée internationale des droits des femmes, célébrée le 8 mars de chaque année, est un moment clé pour reconnaître et valoriser les luttes et les réussites des femmes à travers le monde. Officialisée en 1977 par les Nations Unies, cette Journée représente un rendez-vous idéal pour l’égalité des sexes, la justice et la reconnaissance des droits fondamentaux des femmes.
En effet, la date du 08 mars nous rappelle non seulement les luttes passées, mais souligne également les nombreux défis que les femmes continuent à relever dans le monde. Malgré les avancées significatives en République du Congo, l’égalité des sexes reste un objectif lointain dans de nombreux contextes, nécessitant ainsi une mobilisation et une action constantes.
A ce jour, les progrès sont encore lents au Congo, et la transformation de la vie des femmes est menacée non seulement par la discrimination structurelle et systémique, mais également par la violence à tous les niveaux de la société. De ce fait, la pauvreté des femmes est une réalité ; et la répartition inégale du pouvoir, des biens et des avantages économiques, l’insuffisance des services de base et des infrastructures pour tous les groupes de femmes sont aggravés par les écarts entre les sexes dans l’économie numérique.
D’après un rapport du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Cedaw), publié en février dernier, le fossé entre les genres reste très large au Congo, s’agissant notamment de la représentation des femmes au Parlement. De même, la population est peu sensibilisée aux droits des femmes, et il existe une culture du silence autour des violences sexistes, conjugales et domestiques.
Au Congo, le Code de la famille prévoit des dispositions renforçant le rôle subordonné des femmes au sein de la famille. Si l’âge minimum légal du mariage au Congo est de 18 ans pour les filles et 21 ans pour les garçons, le Code autorise, en pratique, les mariages précoces, soit 27% des filles se marient avant l’âge de 18 ans et 7% avant l’âge de 15 ans.
Par ailleurs, des avancées significatives ont été réalisées, dont la mise en place du Programme national pour la promotion du leadership féminin dans la vie politique. A titre d’illustration, on peut citer l’adoption de plusieurs textes au Congo, contribuant à renforcer le cadre normatif et institutionnel du pays, parmi lesquels la Loi Mouebara, relative à la lutte contre les violences faites aux femmes ; la loi portant création du centre Mouebara pour l’accueil et la réhabilitation des femmes et filles victimes de violences.
Concernant ces avancées, la Constitution congolaise garantit aussi la parité, qui sera réalisée de manière progressive. A cet égard, chaque nouvelle législature compte davantage de femmes, soit 16% à l’heure actuelle au Parlement. La Constitution prévoit, en revanche, des sanctions aux partis qui ne respectent pas les prescriptions en matière de participation des femmes.
Au-delà des avancées enregistrées au Congo pour mettre fin aux inégalités femmes-hommes, beaucoup de défis restent encore à relever. La célébration de cette année est décisive pour la quête de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. Cette Journée, visant à informer, à interpeller et à sensibiliser les citoyens sur les discriminations que vivent encore les femmes, ne devrait pas être transformée en « Fête de la femme », en mettant juste l’accent sur le volet festif.
Olga Rachelle Mangouandza