Insuffisance de l’éclairage public sur certaines artères de Brazzaville

Soixante-deux ans après l’indépendance, Brazzaville, la capitale de la République du Congo, présente de nos jours une image plus moderne grâce aux efforts du gouvernement, avec la construction des voiries urbaines. La plupart des avenues ou artères sont bitumées, facilitant ainsi la circulation des personnes et des biens. Cependant, l’on constate une insuffisance, voire l’absence de l’éclairage sur plusieurs voies publiques.

Après avoir fait la ronde de certains quartiers, une équipe de journalistes de l’Agence Congolaise de l’Information (ACI) a répertorié certaines artères de la ville capitale qui sont dans le noir pendant la nuit. Ce fait pourrait constituer un facteur d’insécurité pour les automobilistes et les populations si aucune initiative n’est prise pour résoudre ce problème, car une ville éclairée est plus attractive, plus sécurisante et plus pratique pour ses habitants.

En effet, du rond-point du péage de la commune de Kintélé jusqu’à la station ‘’Total’’, dans les environs du complexe sportif ; du rond-point de Mikalou, dans l’arrondissement 5, Ouenzé, jusqu’à l’arrondissement 9, Djiri ; la rue Itoumbi, de Moungali à Ouenzé ; et l’avenue Franceville, du rond-point Poto-Poto au rond-point Koulounda, l’éclairage public est insuffisant. Sur le viaduc, certains lampadaires ne s’allument plus, la cause étant entre autres l’état défectueux des poteaux électriques, les ampoules grillées et l’absence de maintenance effective.

La route Kombo-Moukondo, longue de plus de 5 km, fait partie de cette liste des voies qui manquent d’éclairage. Construite par une société brésilienne et ouverte au public depuis 2009, cette route a désenclavé les quartiers Kombo, Massengo et Makabandilou. Dès son ouverture, cette grande artère n’a pas été pourvue d’une installation pour l’éclairage public. Quelques temps après, une société de la place y a installé des panneaux solaires qui nécessitent d’être révisés après une certaine période. Ainsi, par manque de révision, cette route est dans le noir aux heures de la nuit.

Le même décor est aussi observé dans la partie sud de Brazzaville, en l’occurrence l’avenue de la Base, dans le 7e arrondissement, Mfilou, partant du carrefour Mazala au rond-point Mouhoumi ; l’avenue de la Paix, entre le rond-point Poto-Poto et la gare ferroviaire ; la voie qui part du carrefour de la ‘’Patte-d’oie’’ jusqu’au rond-point ‘’Château d’eau’’, à Diata, dans le 1er arrondissement, Makélékélé, en passant par la Direction des Examens et Concours (DEC).

L’inexistence de l’éclairage public, un facteur de banditisme dans les quartiers

Selon un habitant du quartier de Makabandilou, qui a requis l’anonymat, ce secteur est plongé dans le noir pendant la nuit, car la voie publique, non loin du cimetière, est dépourvue de lampadaires. « A la nuit tombée, le Centre de Santé Intégré (CSI) de Mpio se trouve également dans le noir. Comment un malade pourrait-il se rendre à l’hôpital pendant la nuit sans courir le risque d’être agressé par les bandits ? », s’est-il interrogé.

Poursuivant son propos, il a fait remarquer que dans la nuit, la cour dudit centre sanitaire sert de lieu  de retrouvailles aux bandits. Quand ces derniers commettent leurs forfaits, ils vont se réfugier dans le cimetière, tandis que certains d’entre eux vont se cacher derrière le CSI, dans les fossés nés des érosions, qui deviennent leurs foyers.

A titre d’exemple, il a fait savoir que le quartier a déjà enregistré des cas d’agressions, notamment celles subies par une sage-femme qui a reçu des coups et blessures graves, ainsi que par des cyclomoteurs qui font la livraison de pain tôt le matin. « Cette question épineuse préoccupe autant les automobilistes que la population en général », a-t-il conclu.

Permettant en même temps aux Congolais et aux étrangers résidents au Congo de bénéficier de l’éclairage pendant la nuit et d’admirer la beauté de la ville, la lumière est devenue malheureusement un luxe dans la plupart des quartiers. Dans certains secteurs de Brazzaville, plusieurs cas d’agressions sont enregistrés la nuit, avec vol de téléphones et de porte-monnaies.

L’éclairage, un moyen de prévention contre le banditisme

Un bon éclairage permet de repérer, d’effectuer des activités commerciales en toute sécurité (marchés de nuit), d’éviter des obstacles et des accidents. De l’avis de l’automobiliste Nicole Batila, les difficultés rencontrées sur les artères dépourvues d’éclairage public sont multiples, entre autres le risque d’accident, le non-respect  des  panneaux de signalisation et du code de la route.

Au regard de cette situation, elle a suggéré aux autorités communales et au gouvernement  l’aménagement de toutes les grandes artères de Brazzaville, pour boucher tous les nids-de-poule, l’éclairage de toutes les grandes artères en installant des panneaux de signalisation où le besoin se fait sentir, ainsi que la construction des collecteurs d’eau de pluie pour leur évacuation. Selon elle, pendant la saison des pluies, le risque d’accident est permanent à cause d’un caniveau mal placé, même si la conduite se fait sur une route éclairée.

Phoriel Ambeto, un citoyen congolais, a notifié que les conducteurs de voitures sont confrontés à plusieurs obstacles en roulant sur les artères et les ponts dépourvus d’éclairage public. Ces obstacles sont autre autres le manque de visibilité sur les piétons, le mauvais champ de vision, la mauvaise appréciation des angles morts, la mauvaise visibilité des signaux, la destruction des systèmes de suspension due au contact brutale avec les nids-de-poule. « J’ai failli heurter un piéton à cause du manque de visibilité. Ce sont les ampoules des boutiques installées de part et d’autre des avenues qui éclairent à peine la chaussée », a-t-il dit.

De son côté, un chauffeur de taxi, la cinquantaine révolue, ayant requis l’anonymat, a affirmé qu’il ne travaille pas au-delà de 18 heures. « Vu mon âge, je ne vois plus bien dès qu’il est 18 heures. Je suis obligé de cesser de travailler pour éviter les accidents. Pour pallier l’insuffisance de lumière ou l’absence de l’éclairage public, nombreux sont les chauffeurs qui recourent aux phares pour bien voir et percevoir les clients », a-t-il fait savoir.

De l’avis des citoyens interrogés, il sied pour les gouvernants d’exiger aux propriétaires des cimetières d’y placer des lampadaires, afin que les bandits ne transforment pas ces lieux tranquilles en leurs refuges. Les usagers de la route, quant à eux, ont appelé les services habilités à revoir l’éclairage public, à penser aux signaux de marquage au sol et aux panneaux réflecteurs sur les ponts et les passages piétons.

Pour sa part, Moundélé, une revendeuse de légumes sur l’avenue Maya-Maya, a fait entendre qu’elle habite le quartier depuis plus de 15 ans. Cependant, elle n’a jamais vu s’allumer les lampadaires de cette route. « Quand je suis arrivée dans ce quartier, mon fils avait 3 ans. Aujourd’hui il en a 19 et cette avenue est toujours dans le noir. Je sors tous les matins à 5 heures pour aller acheter la marchandise. Un jour, je suis sortie de chez moi alors qu’il faisait encore sombre, j’ai aperçu deux jeunes garçons qui venaient derrière moi. Leur allure a été si suspecte que j’ai dû hâter le pas, chose qu’ils ont eu à faire aussi. Alors, pensant à des bandits, je suis entrée dans une parcelle pour éviter d’être agressée, d’autant plus qu’il n’y avait pas de lumière. Or si la zone est éclairée, celui qui veut commettre un forfait aura peur d’être aperçu et appréhendé», a-t-elle témoigné.

Elle a souligné qu’elle entretient ses enfants avec ce commerce. De ce fait, elle est obligée de se lever tôt pour s’approvisionner à bon prix au marché ‘’Total’’, à Bacongo, dans le 2e arrondissement de Brazzaville, pour réaliser des bénéfices.

 Gina NGOULAKO  et Espérance OKO

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