Les réseaux sociaux : un danger pour nos ados ?

Les réseaux sociaux, entre autres Instagram, Snapchat, Facebook, TikTok, Viber et Whatsapp prennent aujourd’hui de plus en plus de place dans la vie des internautes, particulièrement dans celle des adolescents. Considérés comme des systèmes de communication les plus rapides et fiables pour le quotidien de l’homme, ces réseaux sociaux ont un côté positif, car ils contribuent au renforcement de l’amitié, au divertissement et à la stimulation des intelligences. Cependant, leur utilisation peut avoir des effets néfastes sur l’ensemble de la population mondiale en général et sur la jeunesse en particulier.

Selon le site datareportal.com, en janvier 2022, au Congo, 894.100 utilisateurs actifs des réseaux sociaux ont été enregistrés, soit 15,6% de la population, contre 58,4% de la population mondiale utilisant activement ces réseaux sociaux. D’après les données de ce site, les personnes âgées de 16 à 64 ans passent 2 heures 27 minutes par jour sur ces plateformes sociales.

Pour le manager communication digitale à Congo télécom, Jim Foungui, les réseaux sociaux ont la capacité de rassembler, d’ouvrir les hommes au monde et de leur offrir énormément d’opportunités, mais peuvent également faire beaucoup de mal aux personnes vulnérables, en l’occurrence les jeunes. Autant ces nouvelles plateformes de communication peuvent aider les jeunes à se sociabiliser et à nouer des relations, autant elles peuvent avoir un impact négatif sur leur vie.

« La popularité de la téléréalité, notamment des influenceurs occidentaux ou africains, impacte de plus en plus les jeunes. Ainsi, ces derniers veulent suivre des styles de vie qui, quelque fois, ne reflètent aucunement le quotidien de ces célébrités. Il sied de noter également que ces plateformes sociales peuvent être addictifs, les jeunes ados devenant de véritables victimes de leurs algorithmes et s’isolant peu à peu du reste de la société », a expliqué Jim Foungui.

Au niveau mondial, les réseaux sociaux présentent des risques très considérables. Près de 25% des enfants de 8 à 17 ans ont été une fois victimes des mensonges, d’insultes ou de rumeurs ; 36% des enfants de 8 à 17 ans ont connu une fois des violences verbales liées aux propos racistes ou xénophobes ou des propos homophobes et 36% des enfants de cette même tranche d’âge ont été une fois déjà blessés par des propos de dimension sexuelle.  Malheureusement, le taux des enfants victimes ayant eu le courage d’en tenir informés leurs parents ne représentent que 10%.

Conséquences néfastes des réseaux sociaux sur les études des jeunes

Les réseaux sociaux sont devenus pour les jeunes une drogue et ils ne peuvent s’en passer. La majorité des jeunes préfère consacrer tout son temps d’études à l’usage des réseaux sociaux.

Les récentes recherches ont prouvé que 60% des écoliers et lycéens passionnés de Facebook ont de très mauvais résultats à l’école. C’est dire que les réseaux sociaux occasionnent la baisse du niveau intellectuel des apprenants qui confondent la fiction et la réalité. Pour ces jeunes, tout ce qu’ils découvrent sur Internet est virtuel, c’est-à-dire possible ou réalisable.

Les réseaux sociaux et la dépravation des mœurs

Tout porte à croire qu’à ce jour, la dépendance n’est pas seulement liée à l’alcool ou à la drogue, mais aussi aux médias sociaux. Cette dépendance pousse les jeunes à fouler aux pieds le respect de la vie privée, d’où ils ne prennent pas la mesure des photos, des vidéos et des messages qu’ils diffusent.

« A travers plusieurs plateformes, entre autres Facebook et Tik Tok, qui connaissent un succès fulgurant en Afrique depuis quelques années, beaucoup de jeunes arrivent difficilement à faire la distinction entre la vie publique et la vie privée, d’où ils y postent des photos et des vidéos relevant de leur intimité. On assiste aussi à des pratiques criminelles, telles que la publication des contenus sexuellement explicites, sans le consentement de la personne qui apparaît sur ces publications, dans le but de se venger (Revenge porn). Ces contenus peuvent entraîner des dépressions ou des suicides », a fait remarquer Jim Foungui. Il sied de noter qu’une fois que les publications sont faites, il est impossible de les supprimer.

Pour les jeunes, les réseaux sociaux, tels que WhatsApp, Viber, Skype, Facebook, Snapchat, Tik Tok et Instagram incarnent le paroxysme de la liberté d’expression accrue. Cette liberté d’expression soulève la question de la dépravation des mœurs. Les jeunes à la recherche de l’emploi, les jeunes politiques ou administrateurs sont compromis par ces publications. ( ?)

Cette liberté d’expression met aussi fin à des sujets tabous et enterre les cultures et les traditions. Le sexe devient le plus important centre d’intérêt de la plupart des débats entre les jeunes. Il mobilise leur attention et les détourne des objectifs qui engagent plutôt leur avenir.   

De son côté, une mère d’enfants qui a gardé l’anonymat s’est plainte d’un groupe WhatsApp des élèves de classe de 3e d’un collège à Brazzaville. « Une fois, j’ai pris le téléphone de mon fils et j’ai été scandalisée par les contenus publiés dans ce groupe. Il s’est agi des vidéos qui expliquent comment faire l’amour et comment embrasser. Il y a eu aussi des audio et des photos sur le sexe. J’ai signalé le groupe au responsable de l’école qui a convoqué les parents des administrateurs dudit groupe Whatsapp au conseil de discipline. Eduquons nos enfants pour les sortir de cette génération immorale, vicieuse ou libidineuse », a-t-elle exhorté.

Les réseaux sociaux et l’expansion du narcissisme et de la dépendance

Pour être célèbres, les jeunes publient souvent des photos, des vidéos sexy ou des messages en quelques secondes, dans le but de recueillir des « j’aime » et d’être mondialement connus.

Outre ces faits, les réseaux sociaux peuvent être à l’origine des sentiments solitaires ou d’isolement. L’abus de l’utilisation des réseaux sociaux n’est pas sans conséquences néfastes sur la vie de l’homme. Les recherches des scientifiques ont montré que pour plus de deux heures passées quotidiennement sur les réseaux sociaux, les jeunes se retrouvent sous l’emprise de l’isolement.

Ils se tournent soit vers les médias, parce qu’ils ont été déjà habitués à une vie de solitude, soit ils sont transformés en individus ayant rompu leur relation avec l’entourage, sous l’effet de l’utilisation abusive et répétée des espaces numériques.     

Selon des analystes, certaines personnes ont conscience de cette dépendance vis-à-vis des réseaux sociaux, même si d’autres n’en font pas une préoccupation majeure. Néanmoins, il apparaît plus évident qu’elles ont de sérieuses difficultés à s’en passer, parce que le besoin reste constant et entier. Mais il n’est pas impossible de s’en détacher. Pour ces personnes, le plus important est de savoir organiser leur temps en fonction de leurs occupations.

Beaucoup de personnes digitalisent leur relation humaine sans s’en rendre compte, car elles font des heures et des heures sur la toile, au lieu de passer du temps avec les membres de leurs familles respectives ou de se donner des rendez-vous. « Les relations entre les hommes ne sont fiables et sérieuses que lorsqu’il y a contact direct ou physique », ont fait observer ces analystes.

Les réseaux sociaux peuvent provoquer des troubles de sommeil

Des études, telle que celle de Katherine W. Keyes sur la durée de sommeil chez les enfants, pointent clairement du doigt les réseaux sociaux comme la cause fondamentale de l’insuffisance de sommeil chez les jeunes. En effet, la connexion et l’éclairage des écrans auraient des impacts dangereux sur le temps de sommeil normal de l’être humain.

Cette étude est également confirmée par une enquête britannique diffusée au ‘’Journal of Youth Studies’’. Sur un échantillonnage de 900 jeunes scolarisés et choisis dans la tranche d’âge de 12 à 15 ans, il a été constaté qu’un élève sur cinq se lève fréquemment dans la nuit profonde pour se connecter à internet, tandis que d’autres restent éveillés tard pour échanger avec des amis.

Mais face aux effets néfastes des réseaux sociaux sur les adolescents, une question demeure préoccupante, à savoir « Est-ce que les parents en sont conscients et que font-ils pour y remédier ? ». La responsabilité des parents est donc engagée face à ce phénomène social qui empoisonne l’avenir des enfants.                                       

Pendant que certains parents sous-estiment ou méprennent les effets négatifs de l’usage abusif des réseaux sociaux, d’autres y restent très attentifs. Après avoir recueilli les avis de certains parents, le constat fait est que l’utilisation démesurée des réseaux sociaux influence le mode de vie des enfants.

La seule alternative pour réduire tant soit peu les conséquences demeure la sensibilisation. Les parents doivent engager des discussions avec leurs enfants, afin de les conscientiser par rapport aux impacts négatifs des réseaux sociaux.

De ce fait, il convient de souligner que les médias sociaux pourraient ne plus constituer un danger si les adolescents en font un usage judicieux et organisé. Ces derniers doivent savoir seulement quand faut-il aller sur la toile et ce qu’ils doivent y rechercher précisément, de sorte que les plateformes sociales ne leur dérobent pas leur temps d’études par exemple.

« Les réseaux sociaux sont capables du meilleur comme du pire. Dans un monde de plus en plus individualiste et de plus en plus digitalisé, ces plateformes permettent aux jeunes de se rencontrer, de découvrir le monde ou de s’informer, mais creusent également un fossé entre la réalité et le monde virtuel. Les jeunes comme les adultes doivent donc apprendre à les utiliser avec une certaine clairvoyance pour ne pas se perdre totalement dans un univers qui n’a rien de réel », a conclu Jim Foungui.

L’usage des réseaux sociaux comporte aussi d’importants avantages.

Les réseaux sociaux sont comme le revers d’une médaille. Outre leur côté négatif, ils sont indispensables pour le commun des mortels. Pour les adolescents, ils renforcent leur niveau de communication sociale et familiale, ainsi que leurs valeurs et connaissances techniques. Aucune politique ni aucune démarche de socialisation ne peut s’écarter totalement de l’utilisation des réseaux sociaux.

Marlyce Tchibinda Batchi            

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