Le PND 2022-2026, deuxième génération pour la diversification économique, selon Ebouka-Babackas

Dans le cadre de la célébration du 62è anniversaire de l’accession du Congo à l’indépendance, la ministre de l’Economie, du plan, de la statistique et de l’intégration régionale, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas, a qualifié, au cours d’une interview exclusive accordée à l’ACI, le Plan National de Développement (PND) 2022-2026 de deuxième génération, à travers trois aspects qui marquent sa spécificité, entre autres, un seul champ de concentration, la diversification économique.

Agence Congolaise de l’Information (ACI) : Le Congo s’est doté d’une nouvelle feuille de route, à savoir le PND 2022-2026, pour accélérer la relance et la diversification de l’économie, afin de sortir le pays du tout pétrole. Pouvez-vous nous donner  la spécificité de ce nouveau plan ?

Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas (IOGEB) : Le PND 2022-2026, une économie forte, diversifiée et résiliente pour une croissance inclusive et un développement durable irréversible, est qualifié de deuxième génération à travers trois aspects qui marquent sa spécificité, à savoir un seul champ de concentration,  la diversification économique. Il  vise à créer de la richesse afin de financer le dividende social, c’est-à-dire l’éducation, la santé, la protection sociale et l’environnement. Il a été élaboré et conçu par des experts nationaux.

ACI : Quels sont les secteurs prioritaires sur lesquels l’Exécutif entend consentir davantage d’efforts pour atteindre cet objectif à long terme ?

IOGEB : Le PND s’appuie sur six (6) piliers stratégiques qui sont les secteurs porteurs de croissance et d’emplois, notamment le développement de l’agriculture au sens large, le développement de l’industrie, le développement des zones économiques et spéciales, le développement du tourisme, le développement de l’économie numérique et la promotion immobilière.

A travers ces secteurs, le PND a pour but de lutter efficacement contre le chômage, la pauvreté, l’exode rural, l’insécurité alimentaire et la réduction des importations alimentaires. Il sera également question d’intensifier la production industrielle nationale, d’exporter les produits industriels et de faire entrer le pays dans la culture industrielle, avec une promotion des chaînes de valeurs compétitives.

Par ailleurs, le PND vise à valoriser les nombreux atouts touristiques dont dispose le pays, à contribuer à la réhabilitation et à la modernisation des sites touristiques existants, tout en créant de la valeur ajoutée et de l’emploi. C’est également une opportunité qui va permettre à la jeunesse congolaise d’acquérir de nouvelles compétences en matière d’innovation technologique et d’avoir des aptitudes dans la création des startups. Enfin, le PND va occasionner la valorisation des matériaux locaux de construction et contribuer à l’amélioration des conditions de logement de la population congolaise.

ACI : Quelles sont les stratégies mises en place par le gouvernement pour rendre compétitifs ces secteurs prioritaires ?

IOGEB : Le PND a permis d’identifier et de selectionner trois cent quarante trois (343) projets. Ils sont répartis comme suit : 26% des projets en agriculture et agriforesterie, 22% des projets pour l’industrie, 4% des projets pour les Zones Economiques Spéciales, 29% des projets pour le tourisme, 9% des projets pour le numérique et 9% des projets pour l’immobilier. Dans la période 2022-2026, ces projets seront inscrits par tranche annuelle des budgets de l’Etat, volet dépenses d’investissement. Toutefois, la réalisation de ces projets requiert la mobilisation des ressources, autres que celles de l’Etat.

ACI : L’Exécutif entend améliorer la croissance économique de 5% à plus, comment compte-t-il s’y prendre ?

IOGEB : La croissance de l’économie congolaise est très dépendante du pétrole. Cependant, l’un des principaux objectifs du PND est de changer ce paradigme en augmentant les parts des secteurs hors pétrole dans la formation du Produit Intérieur Brut. La mise en œuvre du PND est donc une opportunité pour améliorer la base productive de notre économie, en permettant aux piliers stratégiques de contribuer de manière conséquente à l’amélioration de la croissance économique.

ACI : En cette période de crise économique et post Covid-19, comment le gouvernement compte-t-il financer le PND 2022-2026 ?

IOGEB : Le besoin de financement du PND pour financer les 343 projets dudit plan est estimé à huit mille neuf cent quatre-vingt-sept milliards huit cent millions (8.987.800.000.000) de FCFA. Les capacités propres de l’Etat s’élèvent à deux mille cent trente milliards cent neuf millions (2.130.109.000 000) de FCFA. Le gap de financement est de six mille huit cent cinquante-sept milliards six cent quatre-vingt-onze millions (6.857.691.000 000) de FCFA. La lecture de ces montants montre que le coût des ambitions exprimées excède largement les moyens de financement de l’Etat.

Ainsi, le gouvernement a choisi de mettre ces besoins en adéquation avec les moyens de l’Etat. En complément, il va mobiliser les ressources des partenaires au développement et du secteur privé, tant national qu’étranger, mais seulement sous le principe de la rationalisation des dépenses publiques au profit des investissements productifs et générateurs d’emplois.

ACI : Quel est l’apport des partenaires dans ce PND ?

IOGEB : Le PND est le cadre programmatique que s’est fixé la République du Congo pour les cinq prochaines années. Les partenaires au développement définissent leur cadre de coopération en s’alignant aux objectifs du PND, notamment la stratégie de financement du PND. Il est attendu d’eux un appui multiforme qui se traduit, entre autres, par une assistance technique et le financement des différents projets inscrits dans ce plan.

ACI : Dans ce nouveau PND, le secteur privé est mis en avant. Quelle sera sa contribution ?

IOGEB : Le secteur privé congolais et étranger va jouer un rôle prépondérant dans le financement du PND. Pour favoriser son intervention, le gouvernement s’attelle à créer les conditions destinées à rendre transparent, attractif et stable le cadre juridique des affaires. Il entreprend des réformes dans l’amélioration du climat des affaires et l’accompagnement des entreprises. 

Faisant ainsi, la contribution du secteur privé dans le PND s’illustre à travers quatre (04) mécanismes d’intervention, à savoir le financement des projets du PND par le privé national, les investissements directs étrangers, les investissements mixtes nationaux et étrangers, ainsi que les investissements en partenariat public-privé avec un financement innovant.

ACI : Durant sa période d’exécution, à combien peut-on évaluer l’apport du PND dans le Produit Intérieur Brut (PIB)  de notre pays ?

IOGEB : Les prévisions sur la croissance de l’économie nationale sont issues des données du Comité de Cadrage Macroéconomique et Budgétaire (CCMB). Durant la période d’exécution du PND 2022-2026, le taux de croissance annuel moyen du PIB global (pétrole et hors pétrole) s’établira à 4,7% pour l’ambition réaliste du PND. La mise en œuvre du PND sur la période 2022-2026 va induire une augmentation du taux de croissance annuel moyen PIB global de 1,8%.   

ACI : Votre ministère a participé à l’élaboration du ‘’Plan de résilience sur la crise alimentaire 2022-2023’’. Concrètement, est-ce que les grandes lignes dudit plan sont déjà mises en œuvre ?

IOGEB : La mise en œuvre du Plan de résilience est rendue effective par le décret n°2022-370 du 29 juin 2022 portant approbation du plan de résilience sur la crise alimentaire 2022-2023. A cet égard, la loi de finances rectificative, exercice 2022, a alloué une ligne budgétaire de 25 milliards de FCFA pour la mise en œuvre de ce plan. Il revient aux ministères sectoriels concernés par les différentes mesures du plan  d’accompagner l’exécution des actions définies par chaque axe.

Cependant, il est évident d’indiquer que ce Plan de résilience n’est nullement une superposition au PND. Il s’agit d’une action sociale d’urgence du gouvernement pour répondre à un contexte circonstanciel, d’où la déclinaison de ces actions en périodicité immédiate, à court terme et à moyen terme.

ACI : Parmi ces grandes lignes, il y a la mobilisation des banques locales qui seront appelées à échanger avec le gouvernement, afin de mettre en place un système de facilitation et d’octroi des crédits bonifiés aux producteurs, avec l’aide et le soutien de l’Etat. Quels en seront les critères d’éligibilité ?

IOGEB : Chaque action répertoriée dans les axes du Plan de résilience est portée par un ministère spécifique. En ce qui concerne chaque action, il revient au ministère en charge des finances d’apprécier les dossiers des postulants à cette mesure, en fonction des informations fournies par ces derniers et de l’atteinte des résultats escomptés par cette mesure.

Propos recueillis par ACI

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